Durant 4 jours à la Salle Pannard : expositions de documents et matériels militaires, table de presse/ dédicaces,etc…
Projection du film “RESISTER EN EURE ET LOIR” le samedi 21 septembre à 14 heures précises au 19 rue Pastre à DREUX
Débats et échanges ensuite avec le réalisateur.
Ce film est visible sur ce site en rubrique Documents puis Videos.
L’origine du groupe de résistance de ce village est encore, au stade des recherches, assez inconnu.
Ce que l’on sait, c’est qu’un nommé Bertrand De Courcelles habitant le Moulin de la Fonderie à Fontaine les Ribouts, a coordonné la création de ce groupe mais les renseignements précis manquent à son propos.
En fait, le maquis de Saulnières, nom qui est inscrit dans quelques rapports de la Résistance Départementale, s’étendait sur plusieurs communes : Fontaines les R. Neuville les bois, Chataincourt, selon ses activités et les hommes qui le composaient
La résistance à l’occupant est un phénomène progressif. La population passera de la résignation de 1940 à la passivité des années 41 à 43 puis à l’hostilité déclarée de 1944. Cette évolution est liée à l’espoir grandissant d’une libération par le débarquement du 6 juin 44 mais aussi par les actes de plus en plus marqués de petits groupes qui attaquent les soldats allemands avec un armement dérisoire au début.
Il y a aussi des rencontres inédites entre quelques habitants et des envoyés de Londres, parachutés ici pour encadrer cette résistance. Le choc est grand pour ces agriculteurs qui voient sortir du bois des individus parlant français et qui sont suspects d’entrée. Car il faut se méfier des espions et des dénonciateurs.
Le contact réussira tout de même avec ces paysans qui sont les premiers accueillants de ces agents secrets lesquels sont perdus dans la France occupée où ils ont été parachutés avec de vagues instructions.
Voici par exemple le témoignage de Camille Pigeon, agriculteur au Tronchay, commune de Laons :
“Fin mars 44, un avion est venu tourner au-dessus du pays, un samedi soir. Le lendemain en allant fureter les lapins à la marnière, on découvre avec mon beau-frère 1 ou 2 colis qui sont numérotés à la peinture lumineuse. Le terrain a été remué autour et on y découvre deux parachutes et deux combinaisons qu’on ramène à la ferme. Dans les poches il y a des cartouches de revolver que je cache au fond d’un trou du pigeonnier. Le colis est mis à l’abri et je surveille les allées et venues de ceux qui pourraient venir le chercher, c’est-à-dire les parachutistes.
Le lundi à 10 heures, un cycliste arrive sur la route de Neuville et va jusqu’à la marnière à pied. A son retour, je lui dis bonjour et il me répond qu’il venait voir s’il y avait là des lapins. Le mettant à l’aise, je lui dis que j’ai le colis que j’ai ouvert et que je peux lui donner. Il répond qu’il y a un autre colis dans le tas de fumier et que d’ici quelques jours il viendra les chercher avec une carriole et un cheval blanc. Il demande la plus grande prudence.
Le jeudi ils viennent à deux et emporte les valises parachutées et repartent vers Clévilliers en me disant qu’ils reviendront dans quelques jours pour se parler et faire connaissance.
Le 15 avril, ils reviennent et me disent qu’ils arrivent d’Angleterre, que l’un s’appelle René, et l’autre Jacques. Ils s’intéressent au terrain d’aviation de La Maison Blanche à Dreux et veulent envoyer des messages avec leur appareil de radio. On se met d’accord pour déployer ma canne à pêche de 4 mètres et on peut y accrocher l’antenne. Un fil électrique est relié à une batterie d’accus sous le hangar et M.Jacques transmet les messages tandis que René monte la garde.
Ils sont revenus vers le 20 mai avec leur poste et j’ai vu le petit livre de Jacques où il y avait en morse les jours et heures d’émission. Puis ils ont décidé de faire un parachutage avec des résistants de Paris qui sont venus voir e terrain. Je devais leur préparer de quoi manger. La phrase codée à écouter sur la BBC était « le vin sera tiré ce soir ».
Mais cela ne s’est pas réalisé car un détachement de SS est arrivé pour rester au château de Laons, ça devenait trop risqué. D’ailleurs les allemands sont venus à la ferme pour qu’on leur fasse à manger ; un officier et 5 hommes. Ils regardaient partout.
Un dimanche de juin Jacques et René sont revenus mais nous devions partir en famille et c’est Lucien Troufleau et sa femme qui les ont reçus. On a ainsi appris que le débarquement avait réussi. Plus tard 5 FFI de Fontaines les Ribouts sont venus pour manger et passer la nuit dans le foin au grand moulin. Ils avaient leurs brassards cachés dans leurs chaussettes et devaient se rendre à Muzy en passant par Escorpain et Vert en Drouais.”
Camille Pigeon, qui n’est pas maquisard, apprendra plus tard que René s’appelait Dumont et Henri Diacono son radio était Jacques. Ces deux agents du réseau Buckmaster – Armand Spiritualist ont dirigé un groupe de plusieurs milliers d’hommes en Seine et Marne après le débarquement.
Ils avaient été parachutés ici car Dumont était le beau-frère de Paul Rougeaux, un des chefs de la résistance de Clévilliers où ils pouvaient trouver assistance.
Camille Pigeon a rempli cette mission avec sérieux alors qu’il n’était absolument pas préparé à cela.
Mais revenons aux maquisards de Saulnières
Charles Taupin
Au départ, il faut remonter à la présence d’un ouvrier agricole travaillant dans la ferme d’Edmond Bonnard à Neuville les bois. Charles TAUPIN est employé ici dans une de ces fermes traditionnelles de l’époque. Il y travaille comme charretier car le fils ainé a été tué sous l’uniforme pendant l’invasion allemande de 1940. Taupin avait une certaine connaissance des armes car il avait été militaire avant-guerre. Né en 1913, il était le plus âgé et le plus expérimenté du groupe qui allait se constituer. Il habitait Blévy.
Après le retour d’exode, Edmond Bonnard et son fils Gaston retrouvent la ferme pillée et ses animaux errants dans la campagne. Il faut remettre en route l’exploitation et se soumettre aux règles de l’occupation. A Neuville les Bois, comme partout dans le département, ce sont les réquisitions de récoltes et d’animaux qui pèsent sur les exploitants agricoles.
Il faut se montrer prudent sur ce que l’on dit et à qui on le dit car, déjà, des méfiances se créent entre les habitants.
Charles Taupin est conscient de ses responsabilités et a commencé à « faire quelque chose » comme on disait. En fait, des avions anglais passaient au-dessus des villages et larguaient des tracts appelant la population à résister à l’occupant.
Mais qu’est-ce que résister en 41,42 ou 43 ?
Il faudra attendre de longs mois pour que des petits groupes d’amis s’organisent et commencent à agir.
C’est ainsi que, progressivement, Gaston Bonnard sera mis dans la confidence et sera finalement recruté par Taupin.
Au début, les actions semblent très mineures et ne font pas grand mal à la puissante Wehrmacht. Il s’agit de casser à la masse les poteaux indicateurs en fonte qui sont sur les routes de manière à compliquer la circulation des nombreux véhicules allemands. Lorsque ces poteaux sont remplacés par des piquets de bois, on les scie ou on les retourne ce qui permet de voir parfois des convois passer et repasser au même endroit parce qu’ils sont perdus.
Petit à petit on parle de s’armer, mais avec quoi ? Quelques fusils de chasse n’avaient pas été remis en mairie comme l’exigeait l’occupant ; un ou deux fusils de guerre également c’est-à-dire presque rien pour agir. A titre d’exemple un vieux Lebel dont la crosse avait été cassée fût remis en état et approvisionné avec des balles au calibre voisin.
Le petit groupe du départ comprenait 4 jeunes dont Charles Taupin, Gaston Bonnard, Jean Gaillez et Robert Lepouze. D’autres l’ont rejoint ensuite, surtout après la loi sur le STO de février 43 qui obligeait tous les jeunes de 20 à 22 ans à partir travailler en Allemagne.
Bonnard et Gaillez
L’ensemble regroupait environ 25 jeunes gens plein d’ardeur mais sans aucune expérience militaire. Ils travaillaient pour la plupart en ferme avec leurs vrais papiers d’identité et se rejoignaient le soir pour aller agir sur les routes. Il y avait aussi à Maillebois un autre groupe lié aux Francs-Tireurs et Partisans. Celui de Saulnières/Neuville était relié avec Jules Divers à Clévilliers et son groupe bien plus important de plusieurs centaines de résistants.
Mais pour agir il faut du matériel : des armes et des explosifs.
Les armes sont en Angleterre, pays qui ne sait presque rien de la résistance naissante car il n’y a pas de moyen de communication. En France occupée, les postes de radio ont été déposés en Mairie comme les armes de chasse sur instruction de la Kommandantur.
Quelques postes de radio ont été cachés par les maquisards qui écoutent les appels à résister provenant de Londres, mais sans arme que faire ?
Il faut établir une communication directe avec Londres
En 1943, Jean Moulin qui est devenu Rex ou Joseph Mercier, coordonne la création de structures permettant cette communication en zone Sud puis en zone Nord.
Des agents français sont formés sous l’uniforme anglais puis déposés en France en civil par de petits avions Lysander. En général il s’agit d’un binôme : un instructeur d’armes et un opérateur radio avec émetteur.
L’un de ces opérateurs radio est une opératrice parachutée le lendemain du débarquement avec Jérome Pierre. Elle s’appelle Ginette JULLIAN (Adèle ou Janistress) et va abattre un travail phénoménal de communications avec Londres dans des conditions très risquées. Il faut savoir que les opérateurs radios vont être presque tous découverts et fusillés sur le champ par les allemands.
Ginette Jullian (Adèle)
Ginette se déplace sans cesse avec ses quartzs pour émettre avec un des dix postes émetteurs cachés dans des églises ou chez l’habitant. Le repérage goniométrique est doublé par un avion mouchard équipé que les allemands utilisent de jour et de nuit. Un service de sécurité est attribué à l’opératrice qui a toujours deux grenades et un pistolet sur elle.
Les parachutages
En Eure et Loir, André Gagnon va créer les conditions des futurs parachutages au sein du Bureau des Opérations Aériennes dépendant des services gaullistes de Londres. Des terrains de parachutages sont choisis méticuleusement.
Il faut des zones dégagées, sans DCA allemande, avec des équipes de récupération, de stockage et de distribution des armes reçues.
André Gagnon
Plusieurs terrains sont choisis notamment pour la région proche de Dreux :
Un autre terrain est également reconnu à Digny (terrain Crayon)
Les agents parachutés ou déposés par Lysander apportent avec eux des codes de reconnaissance sous la forme de phrase que l’on écoutera sur la BBC.
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Les phrases codées sont annoncées sur la BBC 3 fois dans la même journée et la nuit suivante l’équipe doit être sur le terrain de réception ce qui suppose un lien rapide et efficace avec les groupes de maquisards.
Exemple de phrase :
-à DIGNY : « Justine n’est plus dans son box »
-à la Pommeraie « tiens voilà du boudin »
– A St Lubin de Cravant « tu seras un soldat de marine »
Chaque terrain est doté de plusieurs phrases secrètes que l’on utilisera à chaque parachutage en suivant une liste. Une série de lettres et de chiffres codés suivra la phrase et cela permet aux maquisards de vérifier sur la carte Michelin les coordonnées du terrain annoncé. Les résistants où qu’ils soient, écoutent la BBC aux heures convenues et dès que l’annonce est faite, ils rejoignent le terrain choisi avec attelage et charrettes. Ils se retrouvent à plusieurs dizaines la nuit, souvent sans se connaître, à attendre les avions Halifax qui vont larguer les containers.
Il faut se signaler au sol pour guider les avions et c’est difficile avec les torchesélectriques réparties en position de flèche. De plus, il faut une nuit sans nuages. Beaucoup de contraintes sont exigées pour la réussite d’un parachutage.
Avec les appareils S Phone et Euréka, tout cela sera amélioré. Ils permettent de communiquer directement avec le pilote bien avant que l’avion soit en vue pour le guider.
Souvent, plusieurs maquis participent ensemble à la réception des lourds containers de 200 Kg qu’il faut charrier et cacher de suite. Le groupe de Neuville participera à 3 réceptions de parachutages à la Pommeraie.
Les chefs des maquis sont là aussi pour récupérer les valises contenant argent, instructions et denrées rares comme les cigarettes et le café qui seront distribués.
Les parachutes sont enterrés sur le champ et toute trace disparaît sur le terrain tandis que les charrettes, comme celle d’Edmond Bonnard, partent avec leur chargement d’armes pour les répartir entre les groupes de résistants.
le cheval BAYARD
Voici un cas précis de parachutage :
Le 20 juillet 1944 à La Pommeraie la nuit est noire et le brouillard s’est levé. Au sol il y a le capitaine Pierre JEROME (Gérard Dedieu), Jules Divers (Les Chaises) ainsi que Bonnin , Confais (Saulnières) , Raymond Dive et Fernand Montet (Crucey), ANATOLE (Joseph Le Noc) de La Ferté Vidame et SINCLAIR (Maurice Clavel) le Chef départemental de la Résistance. Les groupes de Dreux, et Maillebois sont également présents.
SINCLAIR utilise le « S Phone » appareil de communication directe avec le pilote reçu lors d’un précédent parachutage. L’avion est encore au-dessus de Verneuil sur Avre quand la communication s’établit.
Maurice Clavel (Sinclair)
Silvia Montfort
Au sol un radar démontable (EUREKA) est branché sur une antenne mobile qui émet un signal puissant grâce à une batterie et l’avion perçoit le signal quasiment depuis son décollage en Angleterre. Il n’a plus qu’à suivre sur son cadran pour arriver au lieu de réception.
Cet appareil est si précieux qu’il a été piégé au montage pour éviter qu’il tombe intact aux mains de l’ennemi. Avec une précision de l’ordre de 50 mètres la réception est facilitée
Les armes sont là. Il y a des mitraillettes STEN, des fusils mitrailleurs BREN, des mines anti chars, des grenades, et des crottins avec toute la panoplie des crayons allumeurs. Cependant, les notices sont en anglais que personne ne parle sauf Popeye. D’où la nécessité d’une formation poussée des recrues sans expérience.
La nuit, on entendra parfois des tirs dans les bois, ce sont les maquisards qui s’entraînent avec leurs instructeurs. Ici l’instructeur sera un hollandais, j’y reviendrai.
La mitraillette STEN
Deux d’entre eux, appartenant au SOE britannique bien que français, sont affectés à l’Eure et Loir. Il s’agit de Robert BRUHL (lieutenant Georges) et de Gérard DEDIEU (Jérôme Pierre).
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Gérard Dedieu (agent SOE)
Robert Bruhl (Agent SOE)
La constitution du maquis de Saulnières
Lors des trois parachutages reçus à la Pommeraie, le groupe de Saulnières est destinataire de plusieurs lots d’armes automatiques (mitraillettes STEN, fusils mitrailleurs Bren, explosifs et mines).
Confais qui dirige le groupe lors de ces récupérations, décide de stocker le matériel dans des grottes situées dans le bois de Fontaine les Ribouts. A cet endroit isolé ce sont des vipères très nombreuses qui en seront les gardiennes.
Confais est dénoncé et recherché par les allemands ; il doit partir se cacher. Il sera remplacé par Adrien Louvel, un instituteur de Boullay les deux églises. Mais ce changement posera des problèmes dans le groupe car le commandement n’est plus à la hauteur.
Adrien LOUVEL
De plus les allemands sont sur le qui-vive après le débarquement et plusieurs maquisards doivent déménager dans des fermes par sécurité.
Mais il faut aussi passer à la formation militaire et à l’action armée contre l’occupant.
L’organisation
Et se pose un problème d’organisation.
Jusqu’au milieu de juillet 44, les résistants de Saulnières ne sont pas clandestins et continuent de travailler de jour à la ferme. Mais ils sortent la nuit pour aller poser des crottins sur les routes afin de bloquer des convois.
Les “Crottins” (explosifs)
La fatigue de ces nuits sans sommeil et le besoin d’être ensemble tout le temps pour réagir vite à toute situation impose un changement d’organisation.
La décision est prise de rejoindre le bois pour y résider et créer le maquis. Mais sur les 25 résistants, seuls les 4 du début acceptent de le faire sur le champ. C’est peu mais ce sera le commencement.
Le groupe doit changer d’endroit plusieurs fois après s’être fixé à Fontaines les Ribouts sur la côte du grand Moulin où deux tentes ont été installées avec des cabanes.
Il déménagera plus tard à Neuville les Bois, puis vers Blévy en pleine nature dans un bois, puis dans la petite et longue vallée de Grimoux. Il convient d’adapter en permanence le lieu du maquis en fonction des objectifs militaires choisis et de la sécurité des maquisards.
Les attaques
Le secteur d’activité consiste à attaquer sur la route de Châteauneuf à Dreux.
Les actions militaires continuent de nuit : de petits convois, des véhicules isolés, des motos sont attaquées et mitraillées. L’action est rapide et le retrait immédiat avant l’arrivée des renforts allemands. Des mines de 3,5 Kg sont enfouies sur la chaussée et récupérées au matin si elles n’ont pas explosé de façon à protéger les habitants. Il faut les porter sur les vélos, puis à pied à travers champs en évitant les routes.
Taupin dirigeait un des groupes avec une douzaine de résistants. Il était courageux et connaissait bien la région ce qui était rassurant pour chacun.
Cachés dans les fossés, les maquisards attendent leur cible qui est choisie avec soin : peu de soldats, véhicule isolé et tirs rapides. Le servant du FM a avec lui un chargeur et un pourvoyeur, c’est une équipe de trois résistants. Les tirs sont croisés sur la cible mais on ne voit jamais les victimes la nuit, on entend les cris et les ordres en allemand mais tout le monde se retire rapidement au maquis.
Il y avait plusieurs attaques de camions chargés de munitions qui faisaient le plein au dépôt de Senonches et qui passaient par Blévy. Mais c’était dangereux car très proche du campement.
Se nourrir
La nourriture est fournie par la ferme du Plessis dirigée par Mr Bonnet. Derrière le hangar, les maquisards récupèrent la grande bassine prête à consommer : patates, viande et de l’eau.
De retour au maquis les repas sont vite pris et dans la discrétion car les soldats sont proches. D’ailleurs, on peut les voir se laver dans la Blaise en dessous du campement qui reste invisible.
Parfois le groupe auquel appartient Gaston Bonnard partait déjeuner chez son père à Neuville en passant par l’arrière d’une petite ferme où logeait Jeannette, la fiancée de Lucien Dupuis un des maquisards.
Lucien Dupuis
Renforcer le maquis
Rapidement, le nombre de maquisards est dépassé par l’ampleur des actions militaires à effectuer et la fatigue pèse lourd au point que la sécurité est en cause.
Des renforts arrivent en provenance du groupe de Jules Divers à Clévilliers sous la direction de Marcel Chesneau : les frères Jean et René Lefevbre, Georges Gareil et Jean Marie Le Bozec rejoignent le maquis de Saulnières installé à Fontaine les Ribouts.
Jules Divers
Le groupe de Chesneau fonctionne de la même manière que celui de Taupin mais sur une zone spécifique pour éviter de se croiser de nuit dans les attaques.
Le renseignement
Les résistants surveillent les mouvements des allemands et font remonter les renseignements. Parfois, c’est dangereux comme c’est arrivé à un des maquisards qui raconte :
Le 28 juillet, on est partis tous les quatre vers Boullay les deux Eglises de jour, et on remarque que les « boches » faisaient des travaux dans un champ. Il y avait des bois autour et on se demandait s’ils installaient un poste de DCA sur une hauteur. On cherche à voir au bord du bois à l’abri mais on ne voyait rien. Je traverse donc le bois, les copains suivaient loin derrière. Une sentinelle allemande était en face de moi au bord du bois et il m’interpelle en allemand langue que je ne comprends pas. Il s’approche et il attrape son fusil.
J’étais alors leste comme un chat. Je saute dessus et j’attrape le fusil d’une main pour éviter le tir et de l’autre main je sors mon pistolet et je lui tire une balle dans la tête. Je le soutiens quand il s’écroule pour le tirer vers le bois à l’abri car il y a d’autres allemands sur la route qui arrivaient avec une voiture hippomobile. Mais avec le bruit des chevaux sur les cailloux, ils n’ont pas entendu le coup de feu.
Je rentre le corps dans le bois tout ensanglanté, et je le laisse là. De retour, je retrouve les copains et on repart rapidement vers le maquis.
Le résistant est secoué après ce corps à corps et Taupin, son chef le rassurera en lui disant « tu es courageux et tu as vengé ton frère tué en 40 ».
Poste de la FLAK avec canon de 88
La recherche des collabos
Certains français ne se prive pas de collaborer avec l’occupant en faisant du trafic, en dénonçant des résistants ou de simples voisins ou même en participant à la chasse aux maquisards.
Voici un cas qui s’est déroulé dans la région de Blévy :
Charles Le Chevrel (CLAUDE) est un FTP de la région de Maillebois. Il est né le 2 mars 1923 à Anet. Le 14 juillet 1944 il dérobe un 7,65mm à un Allemand et part le 24 juillet en mission au Mesnil Thomas. Là il est attaqué par trois feldgendarmes et en abat deux. Il n’a plus de munitions et blessé, il continue de frapper le troisième à coup de crosse de revolver. Il y a là une Française qui accompagne les Allemands et qui passe au soldat un pistolet avec lequel il abat le jeune maquisard. Les soldats iront ensuite à la gendarmerie de Senonches avec les faux papiers du jeune résistant de façon à enquêter sur sa famille. Le gendarme Naegellen qui les reçoit, connaît bien Le Chevrel mais ne dévoilera pas sa véritable identité afin que sa famille soit protégée. Cette femme, dont certains pensent qu’elle l’auteur du tir mortel sur Le Chevrel, sera enlevée la veille de son départ précipité lorsque les allemands quittent la région. Un commando du maquis de Saulnières la dirigera sur un endroit reculé et son corps avec son vélo seront jetés au fond d’une marnière.
Il y a aussi des agents de la résistance spécialisés dans la recherche des collabos qui interviennent dans les maquis pour recueillir des informations et constituer des dossiers contre ces traitres. Deux d’entre eux sont venus à plusieurs reprises chercher ces informations à Fontaine les Ribouts.
Un des maquisards fût d’ailleurs mis en cause par ces enquêteurs pour collaboration soupçonnée.
Encore des renforts au maquis
Vers la fin juillet 44 un renfort de poids arrive au maquis amené en moto par l’abbé Corre de Senonches qui aidait la résistance.
C’est un hollandais qui parle parfaitement le français et qui est chargé d’instruire les maquisards en guérilla de toute sorte. Il dispose d’un appareil radio pour émettre et recevoir des messages.
Le Hollandais commençait à être connu dans la résistance locale car il a participé de façon active à la destruction du viaduc de Cherizy le 18 juillet quelques jours avant d’arriver au maquis de Saulnières. Il va prendre en charge cette formation au combat des recrues qui arrivent.
En effet début août, Jules Divers envoie à nouveau des renforts : Pierre Guillemot qui sera le cuisinier du groupe, Louis Cordry, Camille Carolle, Louis Gaudin, Bernard Hémon et Albert Le Hen.
La troupe des résistants s’est agrandie et devient une force militaire capable de lancer des attaques plus efficaces. Et c’est à ce moment, début août que les allemands arrivent à Neuville les Bois.
Jusqu’à présent, les soldats passaient sur les routes mais n’étaient pas installés dans les maisons des villages alentour. Mais cette fois ce sont des SS qui vont arriver dans la région.
La retraite allemande
Près de deux mois après le débarquement des alliés, les forces allemandes reculent partout. Les divisions de Panzer SS Das Reich et Hohenstauffen ont été engagées dans les combats de Normandie. Comme des dizaines de milliers de soldats allemands ils ont été pris dans la nasse de Falaise-Chambois, assiégés par les forces alliées dont la 2ème DB de Leclerc.
Un couloir de quelques KM, appelé le couloir de la mort permet à des bribes de régiments de sortir de la nasse sous le feu américain. C’est un massacre dont s’échappe une partie de la 9ème division SS Hohenstauffen.
Ce sont ces soldats fanatiques qui arrivent en Eure et Loir, traversant le département en retraite après avoir massacré des civils à Tourouvre dans l’Orne et incendié plus d’une dizaine de maisons. Des éléments de la Wehrmacht arrivent également.
Arrivée des allemands à Neuville :
Un premier groupe d’une trentaine de soldats de la Wehrmacht est arrivé au village et s’est installé dans les bâtiments avant de repartir car ils étaient en retraite devant la poussée américaine.
Le 8 aout, un adjudant SS de la 9ème Panzer Hohenstaufen se présente dans le hameau de Neuville les Bois entre Chataincourt et Saulnières.
L’adjudant SS Herbert Sagebiel vient préparer le cantonnement de 60 soldats qui arriveront sous peu. Il faut leur trouver hébergement et nourriture dans un environnement sûr avant qu’ils reprennent la route vers l’Est poursuivis par les Américains qui avancent vite.
Ce SS Hauptscharführer est issu de la 4ème compagnie du SS Feld Ertsatz Bataillon 9 soit le bataillon de dépôt de la division Hohenstaufen.
Le Maire de Chataincourt, Mr Léon Gauthier avait réussi jusqu’à présent à éviter une présence allemande en invoquant l’eau polluée des puits qui ne serait réservée qu’aux bêtes. Mais cette fois, il ne peut s’y soustraire devant l’insistance de l’adjudant SS.
Sagebiel passe la nuit chez Denis HEE après avoir fait ses repérages et le lendemain 9 aout il aperçoit dans les rues un camion allemand qui arrive et qui se dirige vers la ferme Bonnard.
Ce véhicule est conduit par des résistants qui ont endossé l’uniforme allemand pour aller chez Bonnard récupérer du ravitaillement pour les maquis de Seine et Oise.
Récit de Mr Gaston BONNARD:
« Dans la cour de la ferme de mon père Edmond BONNARD 55 ans, un groupe de 6 hommes a apporté 6 bovins le 8 aout pour être abattus le soir même et découpés en quartiers à destination de la région parisienne. Les bêtes provenaient de chez Paul Guérin où elles avaient été achetées. Ces hommes, liés à la résistance de Seine et Oise sont inconnus des résistants locaux. Les résistants parisiens sont ensuite partis avec la viande, habillés en allemands et avec le camion allemand en laissant à mon père les carcasses et les têtes des veaux débités qu’il a fallu cacher aux allemands. »
L’adjudant SS visitait les maisons pour réquisitionner des chambres. Après avoir regardé la maison et le grenier, il part vers la grange, ouvre la porte et découvre les 6 hommes en train de dépouiller les bêtes. L’ordre est donné à ceux-ci de rester sur place pendant que Sagebiel va aller prévenir la feldgendarmerie.
« Prévenus par un résistant, René LEFEVRE et Charles TAUPIN arrivent et font face au SS qui réclame leurs papiers. TAUPIN fait mine de s’exécuter tandis que LEFEVRE, légèrement en arrière arme son pistolet et tire une balle en pleine tête de l’adjudant qui meurt sur le coup ». Albert Bonnard frère de Gaston et Lucien Dupuis ont été les témoins directs de la scène. Le corps est chargé dans un tombereau sous des bottes de paille pour être ensuite jeté dans une marnière profonde de 15 à 20 mètres derrière chez Mr Vallé. « Mais une autre personne fût témoin de la présence de l’adjudant : une femme réfugiée du Tréport qui logeait dans la maison Moreau a vu le SS entrer dans la grange, a entendu le coup de feu et ne l’a pas vu ressortir. »
Le lendemain, alors que la moisson bat son plein dans le pays, le détachement allemand arrive avec une trentaine d’hommes dont plusieurs officiers SS. Ils demandent immédiatement au Maire où se trouve Sagebiel et une version préparée par Edmond Bonnard leur est donnée : « il est parti avec un camion allemand la veille ». L’histoire inventée semble accueillie sans réserve par les officiers.
Le détachement est complété par l’arrivée d’une autre trentaine d’hommes qui se répartissent dans le hameau de Neuville les Bois, les hommes chez Mr Besnard, le matériel dans sa grange et l’officier chez Mr Sorand.
Louisette une femme du village qui habitait là où logeait Sagebield l’avait vu rentrer dans la grange et ne pas ressortir. Les résistants vont chez elle pour retirer tous les effets de Sagebield et pour lui indiquer la version à soutenir devant l’officier SS. Ce dernier a enregistré cette version mais il doutait tout de même. En tout cas il n’y a pas eu de fouille ni de rafle.
Le corps du SS a été jeté dans la marnière proche de la maison habitée par Dupuis et son amie et, avec son uniforme, mais ses papiers ont été récupérés par les résistants présents.
Ce jour-là Gaston n’était pas présent car il était chez le coiffeur à Laons avec le Hollandais. Le coiffeur en titre était prisonnier et le remplaçant était du village. Le Hollandais arrive chez le coiffeur avec ses vêtements de l’armée anglaise : pullover, pantalon, etc. Ils s’assoient et attendent leur tour. Au moment de passer à la coupe, un SS arrive au salon et entre s’installer à côté du Hollandais. Le SS le regardait de près avec ses vêtements militaires. C’était un jeune SS qui était au château de Laons avec les officiers.
Il a attendu son tour sans rien dire et il est passé à la coupe. Personne n’était armé même pas l’allemand et il ne s’est rien passé. Le Hollandais avait gardé ses vêtements de parachutage et ne voulait absolument pas s’habiller en civil. Les consignes données en Angleterre étaient les suivantes : si vous êtes arrêté en civil, les allemands vous fusilleront comme terroriste alors qu’en uniforme vous serez prisonniers de guerre.
En sortant de chez le coiffeur, ils passent devant le château de Laons occupé par des officiers allemands et où il y avait des prisonniers derrière le mur. Le Hollandais met son vélo le long du mur et monte dessus pour regarder par-dessus le mur et appeler les ukrainiens qui sont prisonniers. Comme ils ne répondaient pas en français les deux maquisards s’en vont rejoindre le maquis.
L’attaque de Neuville par le maquis
Le 11 aout vers 19 heures, un groupe de 14 résistants décide d’attaquer le détachement allemand et de tenter de détruire les camions allemands dans le village.
On croyait que les camions allemands étaient sous le hangar (derrière la ferme), mais ils étaient sur la place et dans la cour de la ferme. Les soldats SS logeaient dans les différentes maisons du village.
Mais il n’y avait pas grand-chose : 2 automitrailleuses et quelques véhicules.
Le groupe était parti tôt le matin depuis Blévy. Pendant trois ou quatre jours le groupe a cantonné dans une petite vallée couverte de bosquets. Ils sont une vingtaine. Le Hollandais les accompagne, armé seulement d’un pistolet.
Arrivé par les bois de Neuville à côté de la route de Châteauneuf, le groupe décide d’aller attaquer les camions et les bruler. Il y a plusieurs groupes qui attaquent à découvert.
Ces groupes sont issus du maquis de Saunières dont le commandement était assuré au début par le lieutenant Confais, adjoint de Jules Divers.
Mais Confais étant recherché par la police allemande, il a dû quitter Fontaine les Ribouts et il est remplacé par Adrien LOUVEL, un réfugié du Tréport,.
L’ordre d’attaquer vient de Londres
Le 7 aout, à Londres, le Général De Gaulle a lancé un appel relayé par le général Koenig chef des FFI : Il faut que la résistance se manifeste de façon offensive partout de jour comme de nuit et attaque les troupes allemandes. C’est un enjeu double :
En effet, les américains envisagent de libérer la France et d’en faire une sorte de colonie européenne (L’AMGOT), ils ont déjà édité une nouvelle monnaie.
De Gaulle veut préserver l’indépendance du pays face aux alliés et il faut donc apparaitre dans la libération. Ce sera la tâche de la résistance.
En Eure et loir comme partout en France, les résistants passent à l’attaque de jour : A Nogent le Rotrou, à la Ferté Vidame, à Morvilliers, à Chateaudun, à Crucey, Bonneval, etc…
Le maquis de Saulnières décide lui aussi de passer à l’attaque mais le lieutenant LOUVEL est absent ce 11 aout 1944 car il doit, selon ses dires rapportés par Mr Popot, « prendre liaison avec un chef dont le maquis avoisinant avait été sous [mes] ordres du 25 juillet au 10 aout ». Arrivé au camp de Fontaines les Ribouts en fin d’après-midi il voit ses hommes en armes qui partent au combat et demande quelles sont leurs intentions.
M.POPOT, Maire de Chataincourt à l’époque, rapporte les propos de Louvel dans une conférence donnée en 1974 : « je leur demande leurs intentions. Ils ont repéré des camions à Neuville et veulent s’en emparer pour rejoindre les anglais. Je m’informe : le hollandais a pris le commandement, veut faire sa guerre. Je m’oppose. Personne ne tient compte de mes remarques, de mes conseils. Ils ont peur de se dégonfler. Les voilà donc partis. Je réalise à peine. Comment aller attaquer des camions en plein jour, ce que je n’admets pas, dans un village, ce qui est contraire à ma guerre et sans renseignement ni plan, ce qui est irraisonnable… »
Cette version des faits sera fermement contestée car le hollandais, en tant qu’instructeur, n’était pas le chef du groupe. Il a seulement indiqué aux maquisards la teneur du message de Koenig qu’il avait capté sur sa radio. Après discussion, les résistants décident d’attaquer à Neuville les Bois.
Le groupe de maquisards est divisé en deux formations :
Il y a une sentinelle allemande sur le sentier qui barre la route à ce groupe. Charles Taupin riposte et tue la sentinelle d’une rafale ce qui alerte les soldats. La sentinelle s’écroule tandis qu’un deuxième soldat apparait et se couche de suite au sol.
Louvel n’est pas présent lors de l’attaque, le hollandais non plus. Cependant des écrits ultérieurs ont tenté de modifier les faits avec une version de Louvel rapportée par M.Popot . Selon lui, Louvel aurait participé à l’attaque et a pu se sauver en attendant la nuit dans un fossé.
Après le tir de Taupin, les soldats allemands surgissent alors du village avec deux auto mitrailleuses qui balaient la plaine de leurs tirs. Des fantassins suivent les blindés, ils sont une cinquantaine.
Une partie des maquisards tente de s’échapper dans la plaine, une autre vers le hameau. On est en plein jour et les cibles sont visibles de loin. Les SS attaquent le groupe sur la gauche et le tireur d’un des FM est atteint. Il s’agit de Jean Lefevre qui est blessé en protégeant la fuite des résistants qui sont accrochés par les fantassins d’une compagnie de chars.
Il est au sol avec son fusil mitrailleur quand une auto mitrailleuse l’aperçoit et fonce sur lui pour l’écraser. Son frère René se précipite sur lui pour le couvrir et les deux frères meurent écrasés.
Un autre blindé arrive et écrase le tireur du second FM. Il s’agit de Lucien Dupuis, blessé à la cuisse. Georges Gareil, un autre maquisard est tué lui aussi.
Le groupe avec Marcel Chesneau était plus près du bois lors de l’attaque, ses hommes ont donc réussi à s’en tirer. Ils étaient placés sur la route de Groslu et avaient mitraillé une voiture allemande qui passait devant eux.
Le groupe de Taupin est sur la route de Boutry de l’autre côté de Neuville les Bois dans la plaine également. Taupin et Lepouze sont en pointe face à un hangar à l’arrière de la grande ferme de Neuville où étaient garées les automitrailleuses.
Témoignage de Gaston Bonnard :
Pendant l’attaque, j’étais avec le FM et deux camarades, qui ont été fusillés à Escorpain ensuite. Il s’agit de Le Bozec et Nicolas mon chargeur et mon pourvoyeur. On était postés en face de la route de Neuville pour la prendre en enfilade. Lors de l’attaque plusieurs ont été tués de face alors que moi j’étais posté vers le côté. Les maquisards tués allaient vers le bois mais moi j’étais dans le fossé avec le FM et je tirais sur les automitrailleuses mais elles étaient trop loin de moi. Au bout d’un moment il ne se passait plus rien après les tirs : on n’avait plus de liaisons. J’ai dit à mes deux gars on va aller au bout du fossé en s’éloignant un peu pour voir si on peut se mettre derrière des murs et tenir. Mais au bout du fossé un soldat allemand nous observait à la jumelle. J’ai dit aux gars « sauve qui peut ». Il faut qu’on se tire et je fais demi-tour. On se lève pour partir et on reçoit une rafale dont les balles soulèvent la terre à coté de nous. Mes deux camarades, au lieu de me suivre, décident de retourner dans le fossé où les soldats les capturent. Ils seront fusillés à Escorpain et enterrés en dehors du village vers un petit pont.
J’ai gardé mon FM et je suis parti devant dans un champ de pommes de terre butées puis dans une pièce où il y avait de la graine de betteraves très hautes pour cacher ma fuite vers la plaine et pas du côté des bois mais plutôt entre Boutry et la ferme du Plessis. J’ai traversé la route à plat ventre et je suis retourné au camp de départ pour voir si quelqu’un était revenu.
Il y avait le Hollandais au bord de la route de Senonches. Il me dit qu’il y a encore un FM tout neuf qui a été dégraissé après le parachutage et qui se trouvait dans le petit bois d’où étaient partis les maquisards. Il voulait le prendre pour tirer par-dessus le fossé et aider les résistants qui y étaient cachés et empêcher les soldats d’approcher. Il voulait qu’on monte dans un pommier pour tirer depuis la hauteur ; mais c’étaient les soldats qui étaient dans le fossé et pas les maquisards. Ils étaient très nombreux et il fallait fuir rapidement.
Là on a fait demi-tour, on a traversé la rivière et le bois après et là on rencontre le fils du charcutier de La Ferté Vidame (Jean Lefèvre) que j’avais connu aux parachutages. Il était avec les maquisards qui allaient sur Dreux en passant par Tréon. Je lui ai dit qu’il ne fallait pas aller par Neuville où ça tirait avec la mitrailleuse lourde en haut de la cote du Sap.
Le Hollandais et moi, chacun avec son FM, on est montés sur la côte de Saint Ange avant Torçay. On a caché les FM dans une propriété. Ma sœur n’habitait pas loin, on y est allé malgré la présence proche d’un voisin collaborateur des allemands. C’est le 11 août 44. On est resté quelque temps chez ma sœur mais il a fallu partir car deux bouches de plus à nourrir ce n’était pas possible.
J’ai donc emmené le hollandais au Rouvray à travers champs ce qui était tout de même dangereux car il y avait des patrouilles de soldats. Il portait toujours son uniforme anglais et refusait les vêtements civils. J’ai dû insister pour qu’il passe un pantalon de mon beau-frère et qu’il se chausse en sabots pour passer pour un habitant du coin.
Au Rouvray, le Hollandais est resté chez Massot où on avait de quoi manger normalement et ce jusqu’au 15 aout en soirée.
La répression des SS
Lors de la bataille de Neuville les bois, Taupin, Lepouzé et Galliez étaient dans le champ à découvert mais les allemands hésitaient à attaquer de front.
Les soldats ont placé deux habitants en tête de leur avance (André Sorand et Gaston Desdoigt) en direction des résistants qui ne pouvaient pas lancer leurs grenades sur les civils devenus boucliers humains.
Taupin, Lepouzé et Galliez sont capturés. Ils sont conduits à Neuville pour être interrogés et martyrisés par le commandant Bartholomée. Les traces des tortures et des coups subis seront visibles par la population du hameau qui a été rassemblée de force dans la cour de ferme de Maurice BESNARD.
Le maire, qui est tenu de faire un rapport quotidien au Commandant allemand sur les activités résistantes dans le hameau, est convoqué pour relayer la menace des soldats : Tout habitant ayant connaissance d’activités
« terroristes» sera tenu de le signaler sous peine d’être fusillé.
Personne ne se pliera à cette injonction.
M.Gauthier doit ensuite rassembler les habitants sur la place pour assister à la pendaison des trois maquisards. Une potence a été dressée et, montés sur un banc, les trois hommes chancelants ont été pendus. La population a détourné les yeux durant ce supplice.
Les corps des suppliciés resteront ainsi jusqu’à 10 heures le lendemain avant d’être placés en fosse commune par la population car le Commandant allemand a interdit de les décrocher avant. Il a également interdit de placer les corps au cimetière en déclarant qu’ils ne le méritaient pas. Ils seront donc enterrés dans les champs derrière la ferme de Mr Besnard avant d’être déplacés après la libération. Les Allemands n’entendent pas en rester là et font rassembler cette fois tous les jeunes gens et les jeunes filles du village pour prendre des otages.
En effet, sur un cadavre de résistant tombé dans la plaine, les Allemands découvrent des bottes ressemblant à celles de leur adjudant disparu et désignent dix otages dans la population. Ils menacent de les exécuter et d’incendier le village.
Edmond Bonnard décide alors de réunir le témoin de l’exécution de Sagebiel, une réfugiée du Tréport, et sa servante Madame Yvonne Lozahic pour mettre au point une version crédible de la disparition de l’adjudant allemand. Cette version selon laquelle Sagebiel est reparti le lendemain de son arrivée à Neuville avec un camion allemand de passage est communiquée au Commandant de la place. La découverte des bottes sur un des maquisards tués dans la plaine sème le doute chez l’officier. Mais les Américains approchent, une estafette partie de Fontaine les Ribouts le lui confirme, et le commandant allemand décide de lever le camp et de partir le 14 août non sans avoir rançonné Madame TALVAT de 60 000 francs et tous ses bijoux.
Le rapport de l’officier SS daté du 13 aout 44 arrange un peu la vérité des faits au sujet de la disparition de l’adjudant puisque l’Obersturmführer fait état d’un assassinat par un « terroriste » qui aurait été fusillé comme détenteur des bottes et du pistolet P08 de Sagebiel. Les autres victimes et les tortures sont absentes de ce rapport.
Le bilan est lourd pour le maquis car outre cette triple pendaison :
Ce sont donc dix résistants qui perdent la vie à Neuville Les Bois et Escorpain. Quatre d’entre eux avaient été détachés de son groupe des Chaises pour renforcer le secteur de Châtaincourt : Jean et René Lefevre, Georges Gareil et Le Bozec.
La région est désormais considérée comme une zone de défense par les allemands qui installent alors à Fontaine les Ribouts un poste de commandement dirigé par le « général-major » Eberhart Von Schukman de la 352 ème division d’infanterie.
L’état-major local planifie la bataille de Tremblay les Villages qui verra le sacrifice de deux cent allemands chargés de ralentir les forces alliées, armée de simples fusil-mitrailleurs contre les chars Sherman.
Les Kampfgruppe Weber et Von Kraewel se positionnent à partir du 14 aout à Tremblay tandis qu’à Neuville les SS reçoivent l’ordre de partir en retraite.
Le 15 aout, après avoir fait ses adieux à Edmond Bonnard et récupéré son poste émetteur, le hollandais monte sur un véhicule américain et part avec les libérateurs. On n’aura plus jamais de ses nouvelles.
Les maquisards rescapés de cette attaque de Neuville continuent la lutte malgré ce sanglant épisode et la douleur d’avoir perdu la moitié de leurs camarades. Ils se regroupent avec d’autres résistants et partent pour la libération de DREUX.
Le premier aout 1944 des escadrilles de B17 s’apprètent à bombarder le terrain d’aviation de Champhol. Sous les tirs de la FLAK allemande un appareil est touché et deux parachutes se déploient portant des aviateurs dont James Bozarth…
Conférence en Mairie de Lèves le 14 septembre 2024 à 15 heures
1er aout 1944, bombardement de Champhol
Lors de ce nouveau bombardement des installations allemandes sur le camp d’aviation, la FLAK, qui protège le camp d’aviation de Champhol, se déchaine sur les 58 forteresses volantes américaines B17.
L’une, d’elles touchée par un obus, est coupée en deux et des débris atteignent un autre bombardier qui va s’écraser aussi. Deux aviateurs sautent en parachute.
Pierre Doublet, un adolescent de 15 ans habitant avec sa famille rue de Longsault à Lèves voit descendre les 2 parachutes dont l’un atterrit à 50 mètres de chez lui. Le secteur est contrôlé par les Allemands et quiconque aide les aviateurs risque gros. Mais Pierre a la vitalité d’un jeune homme qui veut prendre ses responsabilités et affronter sa peur de l’arrestation.
Il court sur la route, puis repère l’aviateur tombé et enfin se dirige vers lui pour secourir ce soldat qui est blessé et ne peut se dégager seul de son parachute. Lentement, l’aviateur rejoint Pierre dans le bois pour s’y cacher de la vue des Allemands. Pierre lui fait retirer son uniforme, qui lui vaudrait une arrestation immédiate et lui procure des vêtements civils tout en le conduisant au réseau de résistance locale auquel participe Marcel Fargues et André Lesourd.
Il est donc récupéré par la résistance qui va le conduire dans le réseau Picourt après un séjour clandestin de 10 jours dans la ferme de la famille Foreau à Lucé où il est soigné par Denise la jeune fille de la maison qui est préparatrice en pharmacie chez Raymond Picourt rue de la gare à Chartres.
Dans l’uniforme, que Pierre endosse pour son plaisir personnel, il trouve le premier chewing gum de sa jeune vie et le consomme avec délice. Tout cela se passe dans le petit bois derrière chez lui et il s’en va cacher l’uniforme roulé en paquet tout en haut d’un arbre du bosquet. Il s’agit d’un If dans lequel Pierre a construit son observatoire tout en haut où il peut apercevoir les avions à Champhol. Le parachute est caché dans un grenier par les jeunes du hameau. Auparavant, Pierre a découvert le portefeuille de ce soldat et une photo apparait avec un nom : « Serg. Bozarth » que Pierre traduira par Serge Bozarth ignorant que le terme serg désignait en fait le grade de sergent. Il enveloppe la photo dans un papier sur lequel est dessiné un avion et l’oublie durant quelques années.
James BOZARTH Mitrailleur sur B17 américain
Pierre Doublet âgé de 15 ans en 1944 à Lèves
Ce précieux butin sera caché dans les sous-sols de la maison familiale et sera oublié durant presque 50 années.
En 1994, un texte municipal invite les habitants de Lèves à réaliser une expo avec des souvenirs ou des documents d’époque pour le 50ème anniversaire de la libération de Lèves. Pierre se souvient de ce trésor et l’exhume de sa cachette et raconte son sauvetage de l’aviateur dans un texte. Mr Jean Pierre de l’association Forced Landing, un chercheur spécialisé dans le monde des parachutages et crashes aériens, repère ce témoignage et va retrouver l’histoire de cet aviateur, son vol sur bombardier et finalement la famille de James Bozarth. Il identifiera aussi Harold Mapes l’autre aviateur tombé en parachute à coté de Bozarth et son arrestation par les Allemands. Les deux avions B17 qui ont été touchés avaient 18 aviateurs à leurs bords, seuls ces deux là ont survécu aux crashes.
Précision : les aviateurs doivent faire leur testament et emporter une photo d’identité.
Mais que sont-ils devenus après leur atterrissage à Lèves ?
Là, commence, la révélation de la trahison au sein des réseaux de résistance :
Pierre Doublet découvrira 50 ans après que l’aviateur, qu’il a sauvé, a été remis entre les mains de la Gestapo à Paris après avoir transité par le réseau Picourt. Revenu des camps de Buchenwald et Sagan Luft III et en pesant plus que 40 kg, Bozarth révèlera la traitrise qui concerne des dizaines d’aviateurs ainsi livrés aux Allemands. A noter que Herman Göring a fait déplacer nombre d’aviateurs alliés vers un camp spécial à Sagan où les conditions de détention étaient un peu meilleures, ceci dans un geste corporatiste envers les aviateurs.
Empêcher les aviateurs de regagner l’Angleterre est une priorité pour l’occupant et de gros moyens sont mis en place pour cela avec les services spécialisés du contre-espionnage allemand. De même, récupérer ces aviateurs compte beaucoup pour le moral des jeunes gens qui attendent le départ depuis Southampton. De plus former un pilote ou un radio nécessite 6 mois de travail avant de lui confier un bombardier qui est construit en à peine un mois.
L’enjeu est donc la consolidation et le développement des réseaux d’évasion à partir de la France occupée.
Il existe deux réseaux principaux ici : Hunter et Comète.
Le réseau Hunter Nord
Il se développe à partir de la région de Nonancourt à cheval sur l’Eure et l’Eure et Loir et ce autour du docteur Raoul Dauphin et des groupes de résistance animés par Nivelt, Le Lédan et Cutuil. Le réseau s’appuie sur une série de contacts d’hébergeurs qui vont cacher les aviateurs quelques jours avant leur transfert vers d’autres planques. Une ligne d’évasion est mise en place depuis Muzy dans l’Eure où Madame Orial et son aide Geneviève Desnos récupèrent de nombreux aviateurs tombés. Cette zone est très dangereuse pour les avions alliés partants de Grande Bretagne pour aller bombarder les installations allemandes de la région parisienne ou celles d’Allemagne.
Ils doivent traverser la Normandie et le nord de l’Eure et Loir où les ennemis ont placé beaucoup de postes de tirs anti-aériens avec leurs canons de 88. De plus une escouade des chasseurs de Göring est basée à St André de l’Eure pour surveiller cette voie aérienne.
La ligne Comète
Andrée DE JONGH responsable du réseau Comète
Il fût mis en place par la résistance et animé par une femme, Andrée Dejongh, puis par son père, deux Belges entrés en résistance dès 1940. Comète est né en Juin 1941. Andrée DE JONGH s’attela alors à l’immense travail d’organiser une ligne d’évasion : pendant des mois, elle prit des contacts avec des résistants pour créer ce réseau, héberger les aviateurs, leur fournir des vêtements civils, des faux papiers. Elle recruta des guides basques, familier du passage des Pyrénées, organisa des relais, recruta des fermiers basques qui pouvaient cacher les pilotes en transit. Le réseau d’évasion est d’abord surnommé la “ligne DEDEE”
Ces deux réseaux ont été infiltrés par des agents allemands ( les V.Mann) et détruits en grande partie par l’action, entre autres d’un nommé Jean Jacques Desoubrie. C’est un sujet belge qui voue une dévotion extrême au régime nazi et qui ne déteste pas être rétribué à la livraison d’un aviateur. Chaque prise lui rapporte 20 000 francs.
Qui est Jean Jacques Desoubrie ?
Né le 22 octobre 1922 en Belgique dans une famille ouvrière, il a été très peu pris en charge par ses parents qui s’installent en France quand il atteint l’âge de 10 ans. Il passe le certificat d’études et un diplôme de mécanique à 17 ans.
Errant dans Lille fin 1940, il est arrêté par les Allemands qui le sanctionnent pour avoir porté un signe distinctif gaulliste sur lui. Il est fouillé et on trouve sur lui une fausse carte d’identité qui lui vaut une mise au secret 5 jours durant où il est copieusement battu par les soldats.
Insigne gaulliste, fausse carte, tout dans le personnage peut le destiner à la résistance naissante.
C’est l’inverse qu’il choisit en dénonçant les auteurs des faux papiers du café Vauban de Lille où il a noué ses contacts. Plusieurs personnes sont arrêtées dont il n’aura plus de nouvelles.
Logiquement, les Allemands lui demandent de travailler pour eux mais il refuse.
Il échoue en banlieue de Paris, sans emploi, où il survit ainsi plusieurs mois. En février 1941, il décroche un emploi de mécanicien au Fort d’Ivry transformé par la Wehrmacht en atelier de réparation de véhicules. C’est là qu’il rencontre un lieutenant allemand qui va le prendre en main et qui voit la possibilité d’un recrutement de ce jeune homme paumé. Les discussions s’approfondissent entre eux et Desoubrie découvre que l’idéologie nazie correspond à ces idées. Plusieurs fois sollicité par ce lieutenant, il accepte de se rendre à l’Abwehr , les services secrets militaires allemands.
Desoubrie
Les services d’espionnage allemands ont même réussi à retourner quelques opérateurs radio alliés, parachutés en France et arrêtés, lesquels vont continuer à émettre sous contrôle allemand et attirer ainsi des dizaines d’agents qui tombent entre les mains de la Gestapo.
Le réseau Picourt à Chartres
Parmi ces réseaux de récupération d’aviateurs figure le réseau Picourt du nom du pharmacien de Chartres qui tient boutique avenue de la gare. Raymond Picourt est agent de renseignement gaulliste immatriculé à Londres. La règle de sécurité implique le cloisonnement de sa mission qui doit être unique.
Or Picourt est sollicité pour cacher des aviateurs chez lui et même de les convoyer à Paris où ils sont pris en charge. Il accepte.
Débordé par le flux des arrivants, il en confie quelques-uns à la fille de sa voisine qui ne fait pas partie de la résistance.
Raymond Picourt
Un réseau se met en place autour de Picourt, sa préparatrice en pharmacie Melle Foreau et Mme Orsini la voisine.
Que s’est-il donc passé dans le réseau Picourt ?
Lorsque Raymond Picourt s’adresse à Madame Trenoy sa voisine âgée et sa fille Colette Orsini, il ne se doute pas un instant de la machination qui va se mettre en place au profit de la Gestapo.
Après avoir convoyé quelques aviateurs à Paris, Madame Orsini obtient un contact avec un ingénieur habitant rue de Madrid qui se nomme Henry et qui est un ancien du réseau Comète. Picourt va le rencontrer à Paris avec elle et la livraison des aviateurs prend de l’ampleur.
Ce que tous deux ignorent, c’est que Henry a été retourné par la Gestapo après son arrestation et qu’il travaille désormais pour elle. Et Henry présente Desoubrie au réseau chartrain sous le nom de Jean Masson ou Pierre Boulain.
Tout se met en place avec l’appui de Guy Moreau, un instituteur, authentique résistant du groupe de Dreux, ancien agent de liaison du réseau Hunter, qui se charge de récupérer les aviateurs tombés et pris en charge par les résistants dans les villages comme celui de Madame Orial à Muzy.
Desoubrie remonte toute la filière des groupes de la résistance : Picourt le présente à Raymond Vauvilliers de St Piat qui le recommande à Pierre July lequel le met en contact avec Madame Orial, etc…
Geneviève Desnos à Muzy
Elise Orial et Stanley Booker (aviateur US)
MM.Vauvilliers, bouchers de Saint Piat
Cela fonctionne pendant plusieurs semaines et Desoubrie livrera au moins 50 aviateurs tombés en Eure et Loir et dans l’Eure comme Bozarth, aviateurs passés par le réseau Picourt. Son tableau de chasse total dépassera 150 aviateurs alliés dont la plupart ne reviendront pas des camps de la mort.
les camps de la Mort
Les masques tombent
Fin juillet 44, après l’attentat de Cherizy du 18 juillet 1944, Desoubrie abat ses cartes et tire une balle dans l’abdomen de Mme Orsini devenu sa maitresse. Guy Moreau est arrêté avec elle à Paris et parle. Il s’était vanté d’avoir fait le coup de feu contre les convois allemands et participé à l’explosion du viaduc. Desoubrie obtient de lui la confirmation du rôle de Pierre July, chef du groupe de Dreux, lequel sera arrêté et torturé avant d’être déporté.
Avec cet aveu qui confirme beaucoup d’informations détenues par les services allemands, plusieurs arrestations vont suivre dont celle de Yvonne Léroîc à Crucey. Plusieurs chefs de la résistance départementale sont obligés de fuir comme Sinclair et Silvia Montfort, Confais, Montet, Mary Thibault, etc, etc. des maquis sont encerclés ou détruits (Crucey, La Ferté Vidame, Saulnières)
Les américains sont aux portes du département et Desoubrie avec sa bande n’ont pas le temps de finir leur trahison. Quelques aviateurs ont été récupérés chez Picourt et chez Vauvilliers puis Desoubrie et sa bande partent en Allemagne.
Il sera arrêté à Augsbourg en 1947 et rapatrié en France, jugé et condamné à mort. Il est fusillé au fort de Montrouge le 20 décembre 1949 avant de crier une dernière fois : Heil Hitler.
Orsini sera acquittée en 1946 et Picourt sera jugé et finalement blanchi des accusations de traitrise.
Acquis en 1938 auprès de la famille VIELJEUX, ce centre d’essais des véhicules “révolutionnaires”, conserve encore aujourd’hui des mythes tenaces quant à sa proximité avec les Autorités Allemandes de l’époque – les SS s’y sont installés début 1944 – et , également, quant à la volonté résistante de la marque à soustraire le modèle emblématique de la future 2 CV connue sous le nom de TPV ou très petite voiture.
Avec des documents manuscrits et indiscutables de Henri LORIDANT, directeur du site durant l’Occupation, le CEDREL a pu éclaircir ces zones d’ombres où les phantasmes des amoureux de la marque cachaient des réalités plus prosaïques.
Cette conférence a été délivrée lors des journées d’aout 2024 à la Ferté Vidame pour célébrer le 80ème anniversaire de la Libération.
Le Centre d’Essais Citroën à la Ferté Vidame
Plans des différentes pistes d’essais
Le centre qui s’étend sur 812 hectares est bordé par 12 km de hauts murs de 2,70 mètres. C’est idéal pour y abriter des recherches secrètes.
Le 18 novembre 1938, cette propriété appartenant à la famille Vieljeux est acheté par Michelin, société propriétaire de la marque Citroën. L’ancienne propriété du marquis de Laborde est ainsi scindée en deux parties, le petit château (les communs) et le parc revenant finalement au Conseil Départemental d’Eure et Loir.
Une première piste d’essais est créée avant-guerre ‘ l’Octogone’ ainsi que le circuit ville entre les installations agricoles de la ferme de La Richardière, exploitée par la famille Faguin, et qui domine par son activité l’utilisation du site.
Cette ferme de 150 hectares fait partie de la demi-douzaine de fermes construites par le Marquis de Laborde sous les principes des physiocrates, lesquels tentent de rationnaliser le travail agricole y compris dans la disposition des bâtiments.
En 1938, le responsable des essais, Mr Henri Loridant gère donc cette piste dans la cour de la ferme. S’y ajoutera le « triangle colonial », « l’autodrome », et « l’octogone » en 1939.
La toponymie des lieux choisis fait référence aux activités agricoles : le Pré aux Poulains, le Pré aux cochons, etc…
Les essais de véhicules commencent avant la déclaration de guerre avec deux véhicules emblématiques : le TUB et la T.P.V. C’est la mission des « Essayeurs ».
Mr Terrasson, essayeur (à droite) devant les TPV
La TPV, l’origine de la 2CV
En 1936, bien avant la création du site fertois, Pierre-Jules Boulanger, directeur technique de Citroën se lance un défi qu’il fait partager à ses équipes : « construire un véhicule rural, pouvant transporter deux cultivateurs en sabots et 50 kgs de pommes de terre à 60km/h et ne consommant que 3 litres au 100km. »
Ce sera un véhicule léger pour passer les chemins boueux, facile à conduire et confortable. Un panier d’œufs à l’arrière de la voiture devra rester intact durant le trajet et le prix devra être inférieur à celui de la traction.
4 roues sous un parapluie
Ce sera cette définition qui est destinée à la future 2 CV, baptisée à ce stade de « Très Petite Voiture » ou TPV. Le secret de fabrication devra être assuré et le site de la Ferté Vidame se prêtera bien à cette mission. Car la concurrence est rude avant-guerre dans le monde automobile français dominé par Renaut et Citroën.
La déclaration de guerre de la France à l’Allemagne nazie en 1939 vient modifier la situation politique, mais le projet de TPV débute tout de même avec la mise en fabrication d’une présérie de 250 véhicules à l’usine Citroën de Levallois. L’homologation est obtenue le 28 août 1939 tandis que la guerre est déclarée le 3 septembre 1939.
Ces 250 prototypes seront détruits dans la nouvelle configuration de l’industrie française désormais tournée exclusivement vers les matériels militaires.
En 1968, on retrouvera à la Ferté Vidame, dans un atelier, 1 exemplaire de TPV entièrement démonté et rangé en caisse, puis 30 ans plus tard, en 1998 dans un grenier de la ferme de la Richardière, trois autres véhicules en différents états, mais sans aucune explication sur leur stockage dans ce grenier.
Un de ces trois véhicules a été utilisé dans le site à la sortie de la guerre, et sur lequel on avait installé une barre de remorquage où Mr Faguin attelait une petite remorque pour ramasser de l’herbe pour les lapins.
L’exemplaire de pré série sera remonté début 1969 sur le site de la Ferté Vidame par Mr Loridant et son équipe de mécaniciens pour l’anniversaire des 30 ans de la TPV
Restaurée elle rejoint ensuite les véhicules de la marque au musée Citroën.
A la fin des années 1990, le site du centre d’essais lève une partie de ses secrets entretenus autour de la TPV avec la re-découverte de ces exemplaires dans le grenier. Ils sont extraits délicatement puis dirigés « en l’état » vers le musée Citroën.
Commence alors la légende : ces véhicules révolutionnaires ont été cachés dans le grenier pour les soustraire à l’appétit des occupants allemands, toujours friands de récupérer en France occupée les innovations industrielles…
Les Allemands à la Ferté Vidame
Durant l’occupation, l’armée allemande utilise le site d’essais Citroën pour y faire séjourner des troupes de façon temporaire. Une compagnie SS de 300 soldats y est cantonnée plusieurs semaines en 1944 avec l’objectif de détruire le maquis de la Ferté Vidame. Elle attaquera au canon le siège du maquis caché dans une ancienne tuilerie à la Chapelle Fortin.
Lors de la débâcle allemande d’août 1944, c’est une centaine de camions qui y seront stockés pour faciliter le transport des troupes, nombreuses lors du repli.
La présence allemande s’inscrit de façon opportuniste : il s’agit de s’accaparer un lieu pouvant abriter matériels militaires et troupes de façon à appliquer la stratégie du haut commandement allemand dans la bataille de Normandie.
Le centre d’essais Citroën, porteur de secrets industriels, n’est pas recherché pour cela par les experts allemands de l’automobile et la présence de quelques épaves de TPV encore sur place est probablement un secret de polichinelle. Seules, leurs roues seront réquisitionnées par l’occupant, laissant les voitures sur cales.
En fait, l’activité du lieu est essentiellement axée sur la production agricole de la ferme de la Richardière qui doit atteindre des objectifs fixés par Pierre Le Baube, Préfet d’Eure et Loir qui, soumis aux pressions allemandes régulières, doit obtenir un relèvement spectaculaire de la production. En 1943, celle-ci n’atteint pas celle des années 38-39 du fait de l’effondrement lié à l’exode, puis au rationnement, et enfin au STO qui prive les fermes des bras de la jeunesse agricole.
Sur place, la présence de nombreux animaux conduit à des dégradations importantes des premières pistes et ce, au détriment de l’activité industrielle du Centre d’Essais.
La TPV est un projet connu des spécialistes allemands de la société Porsche qui, avant-guerre, ont été présents à Levallois où le modèle « secret » est en pré- fabrication. L’idée selon laquelle une Volkswagen vaut bien 2 TPV montre à la fois la faiblesse du modèle français de la voiture populaire et une ironie non dissimulée de la part des industriels allemands. C’est le sens de cette proposition allemande qui sera refusée par le Président de Citroën.
Lors du passage de troupes américaines de la Libération à la Ferté Vidame, le directeur Mr Loridant témoignera, le 29 aout 1944, que les TPV, montées sur des chandelles, donc bien visibles, ont suscité l’admiration des militaires.
Placés dans un grenier à une époque où cela était encore possible (depuis des travaux dans l’immeuble ont condamné l’accès d’origine) ne résulterait que de la décision de stocker là, des véhicules desquels on pourrait soustraire des pièces. Le stockage en étage de certaines TPV, daterait de 1946 ou 1948, soit bien après la Libération.
L’oubli a fait le reste et permis cette re-découverte et sa légende romantique d’un acte de résistance passive de la part d’un industriel de l’automobile.
Hiver 1997-98, les TPV sont extraites de leur long sommeil.
Les notes hebdomadaires de Henri Loridant sous l’Occupation
Le directeur du Centre d’Essais est bien placé pour témoigner de la présence allemande dans le site secret. Chaque fois qu’il le peut, il transmet ses notes, chaque semaine, à la direction de Citroën au laboratoire de Javel.
Les messages sont acheminés par des chauffeurs de la Laiterie Parisienne de Lamblore qui se rendent très souvent en région parisienne pour leurs livraisons de lait à la capitale.
Prises sur le vif, et avec un style détournant les soupçons, ces notes reflètent bien le climat de l’époque et les évènements qui s’y déroulent.
A la Ferté tout le monde creuse des tranchées…
23 juin 1944 : « Les locataires ont changé » « Les fils (de courant) viennent d’être coupés à 300 mètres de la Richardière… Il y a de fréquents bombardements, La Loupe a été sérieusement touchée, beaucoup de victimes » A la Ferté, rien de changé, le sommeil n’y est pas trop calme… tout le monde creuse des tranchées »
C’était une journée chargée
30 juin : « Dimanche dernier, un quadrimoteur américain s’est abattu sur la route de Senonches, personne à bord. Les curieux n’ont pas tardé…2 chasseurs (aériens) les ont repérés par deux fois et ils se sont dérouillés les jambes pour échapper aux bombes et aux mitraillages. 4 Bombes dont une fusante sont tombées à l’intérieur de la propriété… L’après-midi bombardement sur la forêt de Senonches et mitraillages aux alentours. C’était une journée chargée.
Quelques personnes se jugeant peu en sécurité ont déménagé dont quelques notables… »
Une bombe et deux morts
8 juillet : « dans la nuit de lundi à mardi, vers 4 heures du matin, une bombe…trois maisons détruites, plusieurs blessés, deux morts. La nuit suivante…le pays ceinturé par des fusées éclairantes, les Fertois dans leurs trous n’étaient pas trop fiers…Depuis tous les autres jours, bombardements fréquents des alentours, un avion a été abattu non loin de La Puisaye, le pilote a sauté en parachute. Les citadins changent de gite la nuit vers les hameaux ou les bois, choix par toujours heureux. La circulation en vélo est interdite ici. Une sanction ?
Par des gens du pays requis, les Ponts et Chaussées font creuser des tranchées tous les 25 mètres.
On a revu nos « visiteurs »
« Ils avaient dit qu’ils reviendraient ; réquisition des voitures dans le pays mais elles n’étaient pas trop complètes…des roues de TPV sont prises dans les ateliers pour équiper les voitures réquisitionnées. Après 2 jours et 2 nuits ils sont partis, empruntant simplement de l’outillage et les roues nues, j’ai récupéré pneus et chambres…Ils m’ont remis une espèce de bon. »
Les bombardements s’intensifient
15 juillet : « Nouveau bombardement du pays, c’est la gare et le silo qui étaient visés par 8 à 10 bombes, pas de victimes, une chance car il y avait une dizaine de voitures à chevaux en train de charger du blé…Des chevaux ont été tués et des bestiaux environnants. Des maisons sont sérieusement endommagées.
Des réquisitions musclées
23 juillet : « 6 nouvelles bombes sont tombées dans la propriété, 10 mètres de murs à terre, le reste sur Senonches qui en a l’habitude. Les bucherons ne veulent plus rien savoir pour travailler en forêt. »
« Les choses se gâtent, on réquisitionne dans tout le pays, beaucoup d’absents parmi les requis. Hier matin au saut du lit, les autorités compétentes en grand Tra la là sont venues bloquer le patelin, fouiller les maisons de la cave au grenier et emballer tout le monde en camion même ceux qui étaient de passage. Et en avant pour les chantiers, le Maire en tête. Le fermier (Mr Faguin) allant en ville, a vite fait marche arrière…Il a été requis deux jours pour faire des tranchées. Les ouvriers du centre seront tous requis à tour de rôle en fonction de l’âge.
Des listes plus fournies ont été constituées et les requis doivent être au RDV demain matin sous peine de sanctions graves sur eux ou à défaut leur famille. Des prises d’otages sont envisagées. Quelques messieurs prudents ont fait leur valise… »
L’activité industrielle du Centre d’Essais se résume à la révision et l’amélioration des machines agricoles : moissonneuse, arracheuse de pomme de terre.
Le garde champêtre est tué
6 août : « Soirée agitée avec bombardements à Verneuil et la Ferté. Des chapelets de bombes sur les croisements de petites routes près du cimetière. De grands trous où l’on pourrait y mettre une maison d’un étage. Les tranchées, jusqu’ici peu fréquentées ont connu l’affluence. Le reste des bombes a été lâché vers La Puisaye. Le garde champêtre est la seule victime de la Ferté par un éclat dans le crâne.
Les routes sont absolument désertes. Un nouvel avion a été descendu près de Lamblore, le 2ème au même endroit en peu de temps. »
Henri Loridant annonce qu’ils commenceront la moisson la semaine prochaine ayant fini les fourrages, malgré les craintes des ouvriers qui passent leur temps à surveiller le ciel d’où vient le danger et plus tard la liberté. Le directeur met la main à la pâte et participe aux travaux durant l’indisposition provisoire du fermier.
Après le départ des Allemands on apprend des détails
29 août : « nous avons eu des « Frisés » dans la propriété et aux abords immédiats. De l’artillerie près du Bel Air et des camions de ravitaillement dans le petit bois au bout de la piste. Ils étaient restés du 9 au 12 aout, intéressés par les victuailles. Du 12 au 14, seuls les SS restèrent en ville où leurs convois défilaient vers l’arrière. Aucune circulation civile autorisée à part les femmes, et une à une.
Cela chauffait dans les alentours, fouilles des fermes pour trouver les maquisards, mitraillages dans les bois, plusieurs fermes incendiées dans les environs par les SS et quelques jeunes gens capturés et fusillés ».
Texte du CEDREL avec l’apport de 2 agents Citroën. Juillet 2024, DR.
80 années se sont écoulées et le pays se souvient.
En Eure et Loir, nombreuses sont les manifestations rassemblant ici des dizaines, là des centaines ou des milliers d’habitants qui participent par leur présence à ce succés mémoriel phénoménal qui marquera 2024.
Le CEDREL est au rendez-vous de l’Histoire par sa participation à plusieurs évènements marquants dans le département. Notre association a mobilisé toutes ses forces au travers de ces initiatives dont plusieurs ont été reprises par les médias locaux.
Mais c’est surtout en direction des habitants que notre effort a porté pour raviver le souvenir de ces journées d’aout 1944 qui virent, mélées dans le tumulte de la Libération, la joie de retrouver la liberté et la peine des familles de disparus.
Car le prix à payer fût élevé pour retrouver cette liberté avec presqu’une centaine de morts dans les rangs de la Résistance et beaucoup plus encore pour les civils, considérés comme victimes collatérales, depuis les bombardemants allemands de 1940 jusqu’à ceux de nos libérateurs au moment du débarquement en 1944.
L’Histoire ne se découpe pas en tranches selon des points de vue jetés sur les faits.
Tous les faits ont leur importance et, 80 ans après, est venu le temps de passer de la Mémoire à l’Histoire.
Pour notre association, et au travers de ces manifestations, il n’est pas question de remettre en cause les témoignages des résistants (que nous avons enregistrés) mais de replacer cela dans le contexte de l’époque, d’en exclure tous les éléments de jugement hatif non corroborés par les faits et, surtout, d’ouvrir notre recherche aux aspects troubles voire négatifs de l’action clandestine, non pas pour tomber dans le sensationnel ou le pathos, mais pour avoir une vision plus globale et finalement totale de cette période si difficile à comprende et donc à transmettre.
C’est au prix de cette recherche complète et renouvelée que le message de la transmission aux générations suivantes passera.
Inutile de reprendre sempiternellement le terme de “Devoir de Mémoire” qui ne fait que masquer l’impuissance à transmettre en transformant cette nécessaire transmission en obligation morale pour ceux qui délivrent le message et surtout pour ceux qui “doivent” le recevoir.
Voilà donc l’orientation choisie par le CEDREL avec laquelle l’association est présente tout au long de cet été de la Libération.
Juin 2024: forte participation d’une semaine (conférence, film, expo commentée) à St Prest avec le collège et une troupe de théatre locale
Juillet: Conférence à Cherisy sur la destruction du viaduc avec la municipalité
Août:
° participation aux commémorations (Neuville les bois, Morvilliers, La Ferté Vidame),
° Très gros programme pour le 80ème anniversaire de la région de la Ferté Vidame avec expo du 14 au 24 aout , plusieurs conférences dans les villages résistants (La Puisaye, La Chapelle Fortin), défilés patriotiques en tenue d’époque avec véhicules militaires US, inauguration d’une place Henri Léreau, etc.
° Tenue d’un stand, avec beaucoup d’échanges, au parc des Expos de DREUX le 16 aout 2024
° Présence à Chassant le 26 à la manifestation inaugurant une plaque au nom du couple dirigeant de la résistance départementale (Maurice Clavel et Silvia Montfort)
° Participation à Chartres le 26 également aux manifestations de la Libération de la ville et au forum concluant la projection d’un film local sur ce sujet.
Septembre: Conférence à Lèves le 14 sur la récupération des aviateurs par la Résistance locale et l’infiltration des réseaux par la Gestapo avec la municipalité
Au 24 rue Saint Martin, l’Hotel de France, abritant la Kommandantur, devient le PC des FFI à la Libération de la ville
Un nouvel ouvrage est désormais disponible (Dreux . Août 44, le chef des FFI est assassiné. Ed.du Colombier) et sera présenté:
A l’époque, les durs combats contre les 70 Panzer allemands retranchés autour de Dreux verront s’écrouler le dispositif de la Wehrmacht qui se replie en direction de la Seine.
Présents aux cotés des Américains et assurant le renseignement sur les forces ennemies en ville, les résistants des groupes maquisards du nord de l’Eure et loir se retrouvent à l’Hôtel de France, siège de la Kommandantur désertée, pour féter la victoire.
Dans la nuit du 19 au 20 aout et dans une ville calme, sous couvre-feu, le nouveau Chef des FFI désigné trois heures auparavant est assassiné devant l’Hôtel de France. Dans la confusion régnante et par des instructions curieuses du commandant Farjon, ce mystère ne sera jamais levé. Georges BINOIS disparait dans les mémoires et dans l’histoire de la libération de DREUX.
Par une enquête reprise 80 ans après et grace à des documents inédits communiqués par la famille de Pierre JULY, l’auteur tente de percer cette énigme en l’éclairant des conditions politico-militaires existantes à l’époque.
Commande du livre possible par la fiche” Contacts” ci dessous.( 20 euros plus port.)
Sur la présentation des nombreuses activités et manifestations programmées par le CEDREL, le Préfet de l’Eure et Loir a délivré le label 80 ème anniversaire au plan départemental.
Ce label sera présent tout au long de l’année dans les descriptifs de ces manifestations qui ont débuté dès le mois de février.
Vous trouverez le détail de ces rendez-vous sous le titre : “2024 Année de commémorations”. Cet articlel sera enrichi au fur et à mesure de la concrétisaton des projets en cours d’étude.