Jean Ansquer est né le 18 avril 1924 aux Ressuintes (Eure et Loir). Il est l’un des fils de Yves Ansquer, famille d’origine bretonne qui exploite une ferme à Magny sur la commune des Chatelets.
Il est célibataire et travaille à la ferme. La famille est bien notée dans le village.
Le 15 juillet 1942, des soldats allemands effectuent une perquisition dans la ferme où ils interviennent sur dénonciation. Ils découvrent un tract anglais dans la poche de la veste de Jean. Ces tracts sont jetés par avion et par dizaines de milliers presque chaque jour. Les agriculteurs les ramassent car le papier manque.
L’argument ne convainc pas les soldats et Jean est condamné à 3 mois de prison , son père Yves ramasse 6 mois.
Libéré le 18 octobre 1942 il retourne à la ferme dont il prend, comme aîné, de plus en plus la responsabilité dans cette famille de 7 enfants et en l’absence du père prisonnier à Chartres.
Jean Ansquer ne fait partie d’aucun groupe de résistance, peu nombreux dans la région à l’époque.
La famille ignore complètement, outre les motifs de l’arrestation, les lieux où il a été conduit . Il n’a subi aucun interrogatoire, ni violences de la part de la Gestapo, à part quelques coups dispensés par l’interprète Mertens.
Le 26 février 1943, nouvelle perquisition allemande, à nouveau sur dénonciation. Jean est arrêté une deuxième fois alors qu’il laboure un champ. Envoyé à Dreux puis à la prison de Chartres puis à Orléans et transféré ensuite au Camp de Royallieu à Compiègne.
Jean Ansquer réussit à faire passer un petit carnet de notes où figurent tous les noms de ceux qui faisaient partie du même convoi vers Compiègne. Il réclame des vêtements chauds et des chaussures.
Mais quelques jours plus tard c’est un cercueil plombé qui arrive dans la cour de la ferme avec une escorte de gendarmes français. La thèse officielle est qu’il est mort de diphtérie.
A 19 ans en pleine santé, ce jeune homme serait mort le 29 mars 1943 ainsi foudroyé, ce que la famille refuse de croire. Il est inhumé au cimetière de la commune.
Après guerre un témoin rapporte que le camp avait été bombardé quelques heures avant son décès et que Jean avait dû essayer de fuir lorsqu’un tir l’a atteint. Il n’y a jamais eu de vérification de la blessure mortelle à cause du cercueil plombé, présenté comme contagieux.
Les recherches entamées par le CEDREL ont mis en lumière les causes de ces deux arrestations : une double dénonciation des voisins de la ferme Ansquer contre ceux qu’ils prétendaient anti-allemands, communistes et armés.
Une lettre du dénonciateur, datée du 8 juin 1943, au Chef de la Kommandantur revendique avoir “donné l’affaire Ansquerre” aux Allemands et réclame des avantages en contre partie.
Le 14 juillet 2017 la famille, la commune et le CEDREL ont participé à un hommage solennel pour que Jean Ansquer soit enfin inscrit sur le monument aux morts.