Il est né le 30 décembre 1921 au Havre.
Il fait partie des premiers français libres qui gagnent l’Angleterre et le Général De Gaulle en 1940. Il transite par Gibraltar où il arrive le 25 juin 1940 et s’engage dans la marine anglaise.
Après un passage dans la Royal Navy à bord de l’HMS Fidelity où il s’illustre en abattant des avions ennemis, il rejoint les FFL et le stage de formation des commandos à partir du 24 décembre 1941. Relié désormais au BCRA commandé par le colonel Passy (André Devawrin) il reçoit un entrainement poussé à Inchmery. Sous le nom de code de PAL il demande à être envoyé en France occupée.
Parachuté en France le 27 juillet 42 avec Briant(Pal W)qui sera son radio et Cordier(Bip W) qui sera celui de Georges Bidault, il rejoint ensuite la petite équipe de Jean Moulin en zone non occupée entre Lyon et Clermont Ferrand.
Jean Moulin a réussi à coordonner les mouvements de résistance de zone sud dans les M.U.R. (mouvements unis de la résistance) et envisage désormais de s’attaquer à la zone nord où il n’a que très peu de contacts avec les groupes existants.
A cette époque De Gaulle a envoyé Passy (André Dewavrin) et Brumaire (Pierre Brossolette) en France-Nord pour évaluer les mouvements de résistance s’y trouvant. Les calculs politiques des deux hommes contrarient la mission de Rex (Jean Moulin) qui doit constituer le Conseil National de la Résistance au printemps 43.
Ces mouvements comme Ceux de la Libération (CDL) ou Ceux de la Résistance (CDR) ou Libération Nord ont déjà des liens particuliers avec le représentant de Jean Moulin en la personne de Manhés (Frederic). Muté de Lyon à Paris Jean Ayral rejoint Manhès et assure son secrétariat. Il le remplace lorsque celui-ci est envoyé à Londres et c’est à cette occasion qu’il est confronté à Passy et Brumaire qui exigent de lui la communication des contacts avec ces mouvements. Tenu par ses obligations militaires de communiquer ces contacts, il reste surpris de la virulence des échanges entre Rex et eux lors d’une réunion tenue à Paris le 3 avril 1943 où il est présent.
Jean Moulin s’imposera ce jour là comme patron incontesté de la Résistance en sommant ces deux envoyés d’appliquer ses ordres et en exigeant le rapatriement de Brumaire à Londres.
Jean Ayral deviendra en charge des parachutages en zone Nord occupée sous les ordres du colonel Manhès (Frederic). Son radio, Briant, l’accompagne. Il doit repérer des terrains de parachutages et surtout des équipes embryonnaires qui peuvent réceptionner matériels et envoyés de Londres.
Il est assisté de Paul Schmidt (Kim). Lorsque Briant, son radio est dénoncé et arrêté et il doit reconstituer son réseau avec Schmidt.
Jean Moulin a mis en place en zone sud une organisation des parachutages (SOAM, puis COPA) et, en début 43, il confie à Ayral le soin de créer et de diriger une organisation similaire en zone occupée. C’est la création du Bureau des opérations aériennes (BOA) pour lequel Jean Ayral va recruter des correspondants locaux et diviser le territoire en zones de parachutages en laissant une grande autonomie aux résistants locaux pour les organiser.
En Eure et Loir, les résistants sont peu organisés à cette époque mis à part les militants communistes au sein du Front National. Mais les consignes gaullistes exigent de mettre à l’écart ces militants. Il faut donc s’appuyer sur d’autres résistants. A Chartres, un petit groupe est connu autour du commissaire de police Charles Porte.
Jean Moulin se souvient de ce contact chartrain lorsqu’il était préfet dans cette ville et envoie Jean Ayral rencontrer le commissaire Charles Porte qui essaie de constituer un réseau de résistants autour de Chartres.
Porte le présente à André Gagnon commerçant en vélos et champion cycliste et ce dernier devient chef du BOA de la région autour de Chartres.
Gagnon connait un groupe qui a commencé tôt à se coordonner pour agir contre l’occupant mais sans aucun moyen militaire. Ce groupe, sous le nom de Secteur Nord, est dirigé par Jules Divers d’origine belge et qui dirige la distillerie de betteraves de Clévilliers en Eure et Loir.
La priorité du moment pour Ayral est de réceptionner des postes émetteurs-récepteurs pour les besoins des dirigeants parisiens de la Résistance. Il faut d’urgence trouver un terrain de parachutage proche de Paris pour cette mission.
Au sud ouest de Chartres le terrain “Bison” est retenu par Ayral sur proposition d’André Gagnon. Plusieurs tentatives sont organisées : le 26 janvier 43 par avion Lysander puis fin février mais à chaque fois Ayral et ses compagnons attendront pour rien toute la nuit éclairée par la lune. Des avions allemands passent dans le ciel et l’un d’eux atterrira dans le champ, attiré par les lampes des résistants qui ont eu le temps de fuir.
Le 23 mars 43 à 13H15 puis à 19H15 et à 21H15 le message du terrain Bison passe sur la BBC.
Avec Alcide Manceau maire de Meslay le Grenet, son ouvrier Gilbert, le commissaire Porte, Max Lebois, Paul Rougeaux, André Gagnon et son fils, Jean Ayral est présent la nuit du 24 mars 1943 à 1 heure du matin lorsque deux hommes et 11 containers et paquets sont parachutés pour la première fois en Eure et Loir.
A Meslay le Grenet, c’est l’opération Bison sur le terrain du même nom dont l’arrivée a été précédée du code suivant sur la BBC ; “du soldat de plomb à la flèche, ce soir nous chasserons le bison”.
Les hommes (des Joes dans le jargon anglais) sont Le Gac (Pal A) et Louis Tolmé (Rod W) le radio de Pierre Deshayes (Rod) qui rejoignent Paris. Dans les containers 6 postes de radio tant désirés par les dirigeants parisiens.
Le terrain est arpenté par l’équipe à la recherche de colis et paquets oubliés car le nombre indiqué à la peinture sur les containers montre qu’il en manque. Un éleveur de moutons qui utilise ce terrain les guide mais ils ne peuvent tarder car au loin une lueur importante signale une activité allemande. Il s’agira en fait d’un avion anglais en flammes abattus par la Flak et l’équipe retourne chez l’éleveur pour prendre un repas avec un gigot rôti à 3 heures du matin…L’équipage de 6 hommes à bord de l’avion anglais abattu sera inhumé dans le cimetière de Pontgouin.
Les parisiens reprennent le train à Chartres et laissent le matériel à André Gagnon où il sera récupéré plus tard par deux agents de liaison.
Ayral apprendra plus tard de Charles Porte qu’un colis avec son parachute a été retrouvé par une paysanne qui l’a signalé à la Kommandantur de Chartres. Ouvert, le container ne comprend que des produits alimentaires et un pot de peinture, ce qui intrigue les officiers : pourquoi organiser un parachutage alimentaire dans la région ? Le pot de peinture est passé au crible et en le brisant, les Allemands y découvrent un petit poste émetteur…
Devant ce succès total, Jean Ayral ordonnera à André Gagnon (Kim J) de multiplier ce type d’opération. Il y aura 35 à 40 parachutages durant l’Occupation en Eure et Loir.
Entre temps les arrestations se sont multipliées: Manhès, Briant, puis Ripoche, Delestraint, Melle d’Alincourt et d’autres.
Il y a un trouble dans les équipes du BOA car ces arrestations sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ou de la négligence de ces hommes formés à la clandestinité.
Le 4 avril 43 avec l’arrestation de François Briant et Raymond Petite tandis qu’ils passaient des messages-radio à Garches, un troisième homme était présent.
Marcel Goron (Gilbert),jeune étudiant parisien fourni par le groupe “Ceux de la Libération”, était l’un des agents de liaison qui récupérât les 6 postes radio chez Gagnon à Chartres lors de l’opération Bison. Curieusement il a été libéré par les Allemands tandis que Briant et son aide sont conduits à la Gestapo.
Goron affirme que Briant a parlé et que les arrestations constatées en découlent ce qui n’est absolument pas crédible pour Jean Ayral son compagnon de parachutage et de formation.
Il souhaite mener un interrogatoire musclé voire une exécution mais Paul Schmidt s’y oppose et Goron disparait dans la nature.
Des mesures de sécurité sont prises (déménagement des archives, changement des domiciles) et une surveillance des locaux abandonnés prouve que la Gestapo a effectué des perquisitions juste après le départ des résistants.
Cette nouvelle preuve décide Ayral de mandater le groupe “Ceux de la Libération” pour liquider le traitre qu’on retrouvera dans les bois de Sèvres tué par deux balles.
Les arrestations continuaient à Troyes et Bar sur Aube, secteurs connus de Goron.
Ayral, Gagnon et Porte étaient désormais sur la liste de la Gestapo.
Le commissaire chartrain Porte fournit immédiatement une vraie fausse carte d’identité à Jean Ayral sous le nom de Jean Guérin domicilié 19 rue Jehan de Beauce à Chartres.
Ce choix de l’adresse pose un nouveau problème inconnu à l’époque car le numéro 19 est situé juste à coté de la pharmacie Picourt dont le propriétaire est un animateur d’un réseau de renseignement et d’évasion qui a été infiltré par un agent de la Gestapo lequel fréquente cette adresse où Madame Orsini, son amie, réside. Elle est en contact avec le pharmacien et conduit des aviateurs sur Paris qui sont remis à la Gestapo par l’agent infiltré sans qu’elle s’en doute.
Par ailleurs André Gagnon, responsable du BOA chartrain, est connu de Goron qui a emporté les valises radio en mars.
Vers le 28 avril Jean Ayral est arrêté à Paris lors d’une banale réunion avec Vivier (Ribière, Pal B) qui doit lui fournir un logement. Les agents de l’Abwher (service de contre espionnage de l’armée allemande) sont bien renseignés et découvrent des documents compromettants sur les parachutages. Ayral parvient à avaler photos et documents qu’il porte sur lui.
Les agents du Sipo-SD se rendent à Chartres pour enquêter sur son adresse figurant sur sa carte d’identité et pendant ce temps les choses s’accélèrent pour Jean Ayral.
Il est conduit au siège de l’Abwher à l’hôtel Cayré, Boulevard Raspail, d’où il s’évadera en tuant deux sentinelles et permettant ainsi l’évasion de plusieurs prisonniers. Caché dans un grenier poussiéreux plusieurs jours , il est secouru par un parisien patriote et le concierge de l’immeuble où il est entré en trombe. Il rejoint le domicile de Madame Déon rue Scheffer qui le cache quelques heures avec d’autres personnes anglaises recherchées. Il en profite pour écrire et adresser des instructions à tous ses contacts pour indiquer que, désormais brulé, il passe son commandement du BOA.
Paul Schmidt (Kim) le remplace à la tête du BOA.
Averti par Cordier, Jean Moulin adressera à Jean Ayral une lettre manuscrite de félicitations tracée à la hâte sur la page blanche d’un livre.
A Chartres, une semaine après l’arrestation des parisiens, la Gestapo chartraine recherche Gagnon qui prendra la clandestinité le 23 avril avec son fils tandis que sa fille et sa femme sont arrêtées et feront 94 jours de prison à Chartres.
Au début du mois de mai 43 c’est au tour de Charles Porte de prendre la clandestinité ayant reçu une convocation de la Gestapo de Chartres.
Porte et Gagnon en fuite, se retrouveront à Paris où a lieu la première rencontre entre Schmidt et Gagnon pour organiser le BOA d’Eure et loir et des régions voisines.
De son coté, Ayral est évacué à Londres et reprend du service en participant, à la tête d’un commando, à la libération de Toulon en 1944.
Une dramatique erreur fait qu’un spahi le confond avec un milicien et l’abat d’une rafale de mitraillette le 21 août 44.
Compagnon de la Libération
Croix de Guerre
Croix de la Libération