CLAVEL Maurice

Nom de guerre :

Sinclair

Il est né dans l’Hérault à Frontignan le 11 novembre 1920 près de la colline de Saint Clair qui lui donnera son nom de résistant.
A 20 ans, il décroche une agrégation de philosophie et fréquente Normale Sup à Paris. Il y rencontre deux figures du conflit politique de l’époque : Pierre Boutang, maurassien convaincu et Jean Toussaint Desanti, communiste tendance Trotski.
Ses convictions le portent vers le Parti Populaire Français de Jacques Doriot exclu du Parti Communiste Français pour déviationnisme et qui participe à la montée révolutionnaire des ligues d’extrême droite contre la démocratie parlementaire et le Front Populaire.
Clavel milite en distribuant les tracts du PPF à Sète et rejoint les Compagnons de France et les camps écoles de la jeunesse Pétainiste qui doivent redresser la France.
Pierre Boutang qui l’a repéré l’accueille à Vichy où il assure le secrétariat à l’instruction publique.
Clavel se rend compte que Pétain mène le pays dans les bras d’Hitler et déçu, il penche désormais vers la résistance.
En juin 1942, Pierre Lefaucheux (qui deviendra après-guerre le dirigeant des usines Renault) l’envoie à Claude Bellanger de l’OCM où Clavel rédigera les bulletins clandestins.
Clavel veut agir plus avant et Marc O’Neil le charge de transport d’armes sur Paris puis de l’accompagnement de réfractaires STO vers l’Espagne. En août 1943, il est à Madrid où Blocq Mascart l’a chargé de rencontrer Jacques Henri Simon lequel lui apprendra plus tard l’arrestation de Farjon.
En Espagne, il se sent manipulé par l’OCM qui lui demande de dénouer des intrigues Giraudistes (le général Giraud est soutenu par les américains contre De Gaulle) et décide de quitter cette organisation.

Il rejoint alors Combat animé par Claude Bourdet et Henri Frenay où il fait la rencontre de sa vie. En travaillant à la rédaction du journal Combat avec le graphiste Maximilien Vox, il rencontre sa belle-fille Simone Faure Bertin, actrice de cinéma qui vient de tourner le film de Robert Bresson « Les anges du Péché » sous le nom de Silvia Monfort.

C’est le coup de foudre et Silvia mariée à Flavien Monod n’hésite pas. Elle suivra Clavel où il voudra. Claude Bourdet averti de la liaison exigera le départ des deux amoureux et Clavel se retrouve sans organisation.
Silvia Monfort et Maurice Clavel errent dans cette France déchirée sans perspectives et se sentent devenus inutiles.
C’est un couple romantique à souhait et débraillés de surcroît qui pense sérieusement à leur suicide commun. Le hasard les fait rencontrer O’Neil qui n’a pas oublié les qualités intellectuelles de Clavel et qui les persuadent de continuer la lutte. Sous le nom de « Stéphane » CLAVEL accompagnera, en Février 1944, O Neil à Paris Rue de Miromesnil où Fred GUEZE a établi le siège de l’OCM.
Il est présenté à GUEZE comme Délégué Militaire Départemental de l’Eure et Loir et aura le commandement de toute la résistance dans ce département. « Stéphane » et Silvia sont envoyés au docteur CARLOTTI à Auneau par GUEZE pour sa première prise de contact avec l’Eure et Loir.
Silvia et lui n’ont pas 25 ans et se lancent à nouveau dans l’aventure de la résistance, mais cette fois sans attache organisationnelle.
Le docteur Carlotti qui les reçoit, est très étonné de ce couple désordonné, et dont la tenue vestimentaire et l’aspect le choque. Clavel a les cheveux très longs et accuse une forte myopie corrigée par des verres épais qu’il dédaigne pour conserver un aspect plus adéquat à son tempérament.

Silvia Monfort est blonde, jeune et belle, mais elle néglige ses vêtements et ses chaussures. Comment leur donner une mission qui nécessite de se fondre dans la masse de la population d’Eure et Loir très traditionaliste ?

Contacté par le réseau de Libération Nord en la personne de Pierre Poitevin contrôleur des postes, Clavel est adressé à Herbelin le 28 mars 1944. Un rendez-vous est fixé à La Loupe dans un café.

Cette réunion capitale entre l’intellectuel parisien et le maquisard de Nogent Le Rotrou est-elle la première ou la seule ?
D’après les mémoires d’André Gagnon, une autre réunion aurait eu lieu le même jour, « derrière le pont SNCF de la Loupe à Verneuil à côté de la propriété Petit Jouvet ». En fait cette réunion eût lieu quelques jours plus tard et y participaient le colonel Jarry (André Rondenay) délégué militaire région Centre nommé par Londres, des membres du MLN, Poitevin, Dufour, Herbelin, Renauldon de Libération Nord et André Gagnon.
Jarry présente Maurice Clavel comme coordonnateur de l’activité des groupes de résistants d’Eure et Loir. Il est chaleureusement accueilli par tous les présents. Cependant, les FTP conserveront leur autonomie d’action.
Là encore, l’aspect général de SINCLAIR recueille des remarques de la part des maquisards. Acceptés pour leur enthousiasme, leur jeunesse et leur sérieux, SINCLAIR et Silvia traverseront les quatre prochains mois sans attirer l’attention de la Gestapo malgré leurs nombreux déplacements à vélo sur tout le département.
Jarry repart satisfait de cette rencontre car désormais l’Eure et Loir est opérationnelle avec Herbelin (DUROC) aux armes, Gagnon (Pierre Legrand) aux parachutages et Clavel (SINCLAIR) à l’organisation.

La rencontre de Sinclair avec Herbelin à La Loupe fonde l’organisation de la coordination des groupes d’Eure et Loir. Beaucoup d’actions éparses se déroulent sur le terrain et les parachutages interrompus depuis l’automne 1943 doivent reprendre. Il faut donc délimiter les champs d’action de chaque groupe et surtout mettre en place une véritable direction politico-militaire que SINCLAIR doit assumer.

Les Forces Françaises de l’Intérieur ont été créées à Londres le 1er février 1944 et leur direction a été confiée au Général Koenig. La consigne est d’unifier les mouvements de résistance partout sur le territoire occupé. En Eure et Loir, ce sera la tâche de SINCLAIR et la rencontre avec Duroc est le premier pas.

Le 28 mars 1944 à l’hôtel de la gare de La Loupe, les deux hommes ont fait rapidement connaissance et mettent sur pied l’organisation de la résistance en Eure et Loir.
DUROC signale aussi l’allure vestimentaire de SINCLAIR mais pour souligner sa grande simplicité qui ne pouvait attirer les regards. De suite la discussion s’engage sur les effectifs maquisards disponibles, les terrains de parachutages, l’organisation des groupes et leur commandement.

SINCLAIR a bien préparé l’entrevue avec DUROC, connu pour son engagement sur le terrain et sa fermeté. Il sait que débarquer ainsi par-dessus une organisation opérationnelle façonnée par DUROC peut poser un problème d’acceptation, voire d’orgueil bafoué.

SINCLAIR découvre aussi le maillage organisé par Libération Nord et DUROC : Bonneval, Châteaudun, Cloyes sur le Loir, Brezolles, La Ferté Vidame, La Loupe, Thiron Gardais, Authon, Clévilliers, Nogent Le Rotrou.

Manque à cette liste les implantations FTP et MLN que DUROC n’ignore pas mais qui ne sont pas reliés à Libération Nord : Courville, Brou, Illiers, Maintenon, Chartres, Saint Piat, etc.
D’autres implantations existent à Auneau avec le docteur Carlotti, Châteauneuf en Thymerais avec Emile Vivier, Dreux avec les Dablin et Pierre July, sans parler des groupes à la frontière de l’Orne et de l’Eure et Loir : Neuilly sur Eure, La Lande sur Eure, Marchainville ou celle de l’Eure (Nonancourt, Verneuil sur Avre) car la région du Perche déborde largement le cadre du département affecté à SINCLAIR.
SINCLAIR réussira à structurer le département en 5 secteurs de FFI :
– Nord Les Chaises à Clévilliers avec Jules DIVERS
– Sud Cloyes sur le loir avec Omer JUBAULT
– Ouest Nogent Le Rotrou avec Gabriel HERBELIN
– Est Auneau-Denonville avec François BOIS dit Cisco
– Chartres Ville avec le commandant GRIMA
Il faut noter que les groupes et maquis de DREUX, CRUCEY et LA FERTE VIDAME ne sont pas inclus dans le dispositif bien que ses hommes soient affiliés dès le début aux FFI. Ces trois pôles seront confiés plus tard à Roland FARJON.
Des visites de présentation du Délégué Militaire Départemental (DMD) SINCLAIR sont prévues sur le terrain.
Le choix des lieux forestiers où les maquis pourront séjourner est également discuté : forêt de La Ferté Vidame – Marchainville – Longny – Charencey – Bois de Paradis- La Rue (jouxtant Buffalo et la Saucelle) sont choisis.

Au sud de l’Eure et Loir, la forêt de Fréteval est retenue également. Elle sera le grand centre de récupération clandestin des pilotes et aviateurs abattus en mission.

SINCLAIR a besoin de seconds qui puissent organiser les groupes dans la sécurité et la discipline. Il confie à DUROC l’animation de tous les groupes d’Eure et Loir à charge pour lui de se faire accepter par eux ce qui n’est pas le plus facile.

Il s’agit de coordonner les actions et non de fusionner les groupes qui doivent continuer à s’ignorer par mesure de cloisonnement utile à la sécurité de chacun.
Se pose aussi le problème des fournitures d’armes et de transmission des renseignements militaires dont chaque groupe est demandeur.

Sinclair a été nommé commandant des FFI d’Eure et Loir. Il accueille De Gaulle à Chartres le 23 août 44 lors de son discours devant la grande poste. Il regrettera n’avoir pas été inclus dans les compagnons de la Libération.

Il est présent à Paris avec Silvia Montfort lors de la Libération de la capitale, ce sera sa dernière apparition avec les résistants du département qui vont rejoindre la formation du 1er bataillon de marche d’Eure et Loir avec Roland Farjon à leur tête défilant le 11 novembre 44 sur les Champs Elysées devant De Gaulle et Churchill.
Il rédigera un roman sur ces aventures résistantes en 1960, texte qui sera vertement contesté par les maquisards eux-mêmes.

Il a épousé Silvia en 1948 et s’en sépare en 1951. Retiré à Asquins près de Vézelay il y décède le 23 avril 1979.

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