CREMIEUX Georges

Georges Crémieux habitait Paris. Il y était né le 22 janvier 1929. Elevé dans le souvenir de son oncle René mort à 20 ans en 1916 à Bois-le-Prêtre, il était un fervent patriote.

En 1942/1943 il est allé avec les gamins de sa classe visiter les Tuileries et, devant le regard médusé des passants, a fait entonner le chant du Départ ; puis, en passant devant la Kommandantur place de l’Opéra il a craché sur les bottes de la sentinelle allemande de faction.
A la même époque, il emmène son oncle dans Paris avec une écharpe tricolore : son oncle a écourté la ballade et sa mère apprenant cela a levé les yeux au Ciel !

Le 14 avril, il quitte Paris direction la Sarthe (Ruillé-Poncé) pour revoir une famille dont il avait fait connaissance quelques mois auparavant et dont le père était anglais. Il imaginait pouvoir rentrer ainsi dans la résistance. Il essaie de se faire embaucher à la ferme en attendant les américains pour se battre à leurs côtés mais les agriculteurs n’ont pas retenu sa candidature !

On lui avait toujours dit que les prêtres n’avaient pas le droit de dire ce qu’on leur disait (secret de la confession en réalité) : c’est pourquoi il a frappé à la porte d’un presbytère.
La première fois, le curé a dit qu’il ne pouvait rien pour lui…
La seconde fois, il est tombé directement ou indirectement sur l’Abbé François Marie Humblé à Dreux qui a compris la situation et l’a envoyé chez un curé qui faisait de la résistance : l’abbé Bréchemier dans le village de La Puisaye.

Avant d’arriver chez l’abbé Bréchemier il a logé environ 10 jours (à Dreux ?) chez une dame très gentille, Mme Doguet (ou Daguet ?)

Il arrive ainsi fin avril ou tout début mai 1944 à La Puisaye.

Il logeait dans la ferme de Madame Avisse (proche du presbytère) comme l’abbé Krier (le curé de Luigny recherché par les Allemands et réfugié à La Puisaye). Le soir même de son arrivée, l’abbé Krier lui raconte tout son périple. L’abbé Krier raconte aussi son histoire à une bonne un peu simplette qui était chez l’abbé Bréchemier : Georges trouve cela grandement imprudent et le confie à l’abbé Bréchemier qui s’exclame « ah ! l’imbécile ! ». L’abbé Krier, en civil pour des raisons de sécurité, allait presque de nuit dire sa messe à l’Eglise chaque jour.
L’abbé fait passer Georges pour son cousin ou neveu.

Le 6 juin 1944, il part chez le coiffeur à la Ferté Vidame. Il entend un gars qui y dit « d’ici 15 jours les Américains auront débarqué ». En rentrant à La Puisaye, l’abbé Krier (surnommé le p’tit Louis) dit qu’ils ont débarqué (tenant cette information d’un cheminot). Georges se jette sur la radio (il était chargé d’écouter la BBC sur le poste à galène) et entend à la BBC les messages personnels. D’abord déçu, puis, avec l’annonce officielle du débarquement, il est aux anges.

L’abbé Bréchemier était à Chartres avec sa cousine ce jour-là. Quand il revient, Georges demande ce qu’il doit faire, car il voulait rejoindre les Américains pour se battre avec eux ! L’abbé lui dit : « Rien. Tu attends ».
Le 12 juin 1944 : c’est son premier convoi d’armes avec l’abbé Bréchemier dans une ferme. Un parachutage a eu lieu dans la nuit du 7 au 8 juin sur le terrain de la Pommeraie, commune de La Saucelle. Les maquisards de la Ferté Vidame ont récupéré un lot d’armes automatiques et des explosifs. Ils sont stockés dans plusieurs endroits et le presbytère de l’abbé Bréchemier est choisi pour en placer avec l’intention de les confier au « groupe Ratisbonne » du nom du propriétaire du manoir de La Fresnaye sur la commune de La Puisaye. Georges est déclaré appartenir au groupe Libération à cette date.

Un autre jour, après le débarquement, il part avec l’abbé Bréchemier direction la Ferté-Vidame avec des armes dans une charrette, cachées sous des pommes de terre.
Ce transport vise à approvisionner le maquis qui est caché vers La Chapelle Fortin. Ils croisent des chars allemands en stationnement, camouflés, partant probablement vers la Normandie sur la longue route toute droite qui conduit à Verneuil sur Avre.
L’abbé fait semblant de lire son bréviaire en croisant ces troupes d’occupation. Au point de rendez-vous, ils sont attendus par Gustave Roussel (Jim) le gendarme de la Ferté-Vidame qui est le chef du maquis.

Une autre fois, il a fait une livraison d’armes avec une bicyclette de dame avec un paquet sur les genoux, un autre à l’arrière. Il apportait ces armes dans la forêt de Senonches à La Fresnaye.
Le lendemain, un camion arrive et il leur indique où se trouvent les armes. Il s’agit du camion de Maurice Esnault, maraicher de Digny, et chef d’un groupe locale de résistants. Les armes seront chargées et stockées dans la cave de sa ferme du Château à Digny.

Chez l’abbé Bréchemier, outre ces activités de résistance, il jouait aux cartes, apprenait l’anglais (ce qui lui servira quand les soldats US déjeuneront à l’occasion chez l’abbé, il faisait la traduction), sonnait l’Angélus.

Georges sera agent de liaison entre le groupe de La Puisaye et le maquis.

Un jour, les Allemands arrivent dans le village en hurlant pour réquisitionner les hommes. Georges et les autres étaient dans le presbytère en train de confectionner des brassards FFI… Tous détalent et lui, du haut de ses 15 ans, a la présence d’esprit de ramasser tous ces brassards et les planquer sous des feuilles dans le deuxième jardin derrière la petite porte.
Cette rafle a pour but de trouver des hommes avec pelle et pioche pour creuser des trous d’hommes le long de la route de Senonches à la Ferté Vidame afin de protéger les soldats lors des bombardements américains très fréquents.

Le 14 août 1944 : gros bombardement sur la forêt de Senonches. Les allemands ont fait sauter le pont de la Fontaine Blanche vers La Mulotière. Avec l’abbé Bréchemier, il monte au clocher de l’Eglise pour voir ce qui se passe. En cas de bombardement, l’abbé Bréchemier avait fait creuser une tranchée pour y passer la nuit avec Georges.

Le 15 août 1944, c’est la libération et sur la route de la Ferté Vidame, il voit un drôle de véhicule et de drôles d’uniformes : une jeep US ! A côté du chauffeur, un gars effondré de sommeil.
Après la libération de La Puisaye, il se baladait tout fier avec son fusil.

Le 11 novembre 1944, en permission, il est au Grand Hôtel, place de l’Opéra à Paris : il y verra de près Churchill et Eden.
Le maquis de la Ferté Vidame est monté à Paris en août pour la libération de la capitale et le 11 novembre a lieu la première manifestation patriotique dans la Paris avec le défilé des Champs Elysées devant De Gaulle et Churchill. Les maquisards d’Eure et Loir défilent en uniforme anglais sous la bannière du 1er bataillon de marche d’Eure et Loir constitué à Dreux en octobre.

Tous ceux qui ont signés un engagement de trois ans ou un autre « pour la durée de la guerre » avec l’armée nouvelle reconstituée sont présents.
Georges souhaite s’engager dans l’armée, c’est d’ailleurs son rêve de toujours mais, début septembre à La Ferté Vidame, il n’est pas retenu par le médecin civil car trop malingre. On lui dit : « tu seras au sana dans deux ans si tu t’engages ».

Un ancien cadet de Saumur, le Capitaine Trastour l’a engagé le 20 septembre 1944 à la Compagnie de Tirailleurs coloniaux constituée à la Ferté Vidame après la libération avec les soldats coloniaux libérés du camp de munitions allemand de la forêt de Senonches.
Il l’emmènera à Paris au lycée Jeanson de Sailly qui est un centre de recrutement militaire.
Là aussi il est refusé par un médecin colonel qui le trouve trop jeune et inapte.

Mais finalement, sans savoir pourquoi, il est gardé et y fera une longue carrière jusqu’en 1960 (occupation en Allemagne, Indochine, Algérie, Maroc,…). Après Jeanson de Sailly, il ira en formation militaire à Orsay puis en Seine-et-Marne, puis direction l’Alsace : Il est soigné pour une bronchite à l’hôpital américain d’Epinal, et rejoint ensuite son unité à Urbeiss, le 23 janvier 1945.
Il part ensuite direction les Deux-Sèvres où il sera le 8/05/45. Un adjudant de la 2ème DB l’envoie à Remiremont. Puis occupation en Allemagne, Dietz, Coblence, Barrara, Rouffach, Langenargen, Strasbourg. Il est donc resté 2 à 3 semaines à Jeanson puis 2 mois en Seine et Marne

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