ESTRUCH-PONS Francisco Javier

Nom de guerre :

Paco

Il est né le 12 janvier 1923 à Copons (Espagne). Il a deux soeurs Josefa (1920) surnommée Pepita et Beatriz (1929) et un frère Jose (1934).
La famille évolue dans le milieu anarchiste catalan et participe à la lutte pour défendre la République espagnole menacée par le coup d’état du général Franco.
Les Républicains, défaits, sont obligés de fuir l’Espagne et passent par dizaines de milliers en France où ils campent provisoirement en pays catalan et en pays basque.

La famille ESTRUCH traverse la frontière, début février 1939, entre Figueras et Le Boulou par le col du Perthus. Dès la frontière franchie, les réfugiés sont conduits sous bonne escorte sur la plage d’Argelès-sur-mer. Là, une sélection s’effectue : les femmes et les enfants d’un côté et les hommes de l’autre. Ces derniers resteront parqués sur cette plage en plein vent et sous une tempête de neige avec juste une légère couverture de l’armée pour toute protection, par manque de structures pour les accueillir.
Heureusement, Paco avait fourni à son père Francisco (né en 1894), au moment de la sélection, une longue capote en fourrure, ramassée au bourd de la route. C’est probablement, ce qui lui a sauvé la vie.
Antonia (née en 1895) et ses enfants : Pépita, Paco (de petite taille malgré ses 16 ans), Béatriz (pour qui cette attente, dans le froid, la neige et le vent a paru interminable et … elle l’était !) et José, eux, sont dirigés vers un centre d’accueil (l’école du village) pour s’y restaurer, avant d’être embarqués en train pour l’Eure-et-Loir où les agriculteurs manquent de main d’oeuvre.

Paco, qui comprend ,et parle le Français appris au collège, est d’un grand secours pour sa famille et la communauté espagnole installée dans les fermes des alentours de Chartres.
Grâce au fermier TRIBALLET et aux services de Jean Moulin, préfet d’Eure-et-Loir, que Paco a vraisemblablement croisé en Préfecture de Chartres, les démarches entreprises pour retrouver Francisco aboutissent enfin.
Après plusieurs mois, il est rapatrié auprès de sa famille à Epeautrolles. Mais là, Béatriz et José (les plus jeunes de la fratrie), qui avaient le souvenir d’un père à l’abondante chevelure brune, ne reconnaissent pas cet homme à la chevelure blanche !
Francisco remplit une demande d’exil pour le Mexique, pour lui et sa famille, demande qui leur sera accordée. L’embarquement est prévu à Bordeaux. Mais la déclaration de guerre intervient et contrarie les plans de la famille ESTRUCH : leur départ est annulé.

On retrouve les membres de cette famille, dans la région chartraine en juin 1940, où ils sont employés et logés chez un cultivateur, Henri TRIBALLET, maire de la commune d’Epeautrolles et figure locale des radicaux socialistes.
Ils participent à l’exode, mais avant de partir sur les routes, ils aident le cultivateur à enfouir, sous terre, des objets de valeur.
Paco et sa famille quittent donc la ferme avec une charette, attelée d’un cheval, chargée de volailles, vivres, casseroles, matelas, couvertures, bâches.
Paco qui a pris la direction des opérations et fort de son expérience de la guerre civile en Espagne, décide de partir à la tombée de la nuit pour échapper aux bombardements et aux mitraillages des avions ennemis. Il gardera cette tactique tout le temps de ce long périple : avançant la nuit par les chemins, en évitant les villes et dormant le jour à l’abri, dans les bois.

Puis, en cours de route, constatant que les soldats allemands les ont dépassés dans leur fuite, Paco décide de rebrousser chemin alors que la ville de Châteauroux se profile à l’horizon. Le retour est long et laborieux, semé d’embûches. Mais, Paco réussit à ramener sa famille saine et sauve à la ferme, ainsi que la charrette et le cheval, ce qui ne fut pas le cas, malheureusement, de certains autres ouvriers partis, eux aussi, sur la route de l’exode, également pourvus des mêmes avantages que la famille ESTRUCH.
Paco rejoint alors la résistance locale, de même que sa soeur Pépita, à une date inconnue entre 1940 et 1943. Il formera un couple avec Maria Gimenez (Jimenez) né en 1926 à Molins de Reyes (Espagne) et auront, après-guerre, une fille Nelly (née en 1947).
Dénoncé pour ses activités clandestines par une lettre anonyme, Paco est arrêté par la feldgendarmerie le 20 août 1943 puis transféré au camp de Compiègne Royallieu où son nom apparaît sur le mur des déportés à l’entrée du camp.
Il arrive à la prison de Karlsruhe le 18 octobre 1943, puis est dirigé à Francfort sur le Main du 2 novembre 1943 au 8 mars 1945 et au camp de travail de Preungesheim où il travaille jusqu’à 12 heures par jour.
Il rejoindra le camp de Neuengamme comme beaucoup de résistants d’Eure-et-Loir pour construire d’énormes abris pour les sous-marins allemands de la Baltique (IG Farben).
Il est libéré par les Américains le vendredi 13 avril 1945. Mais il est conduit à l’hôpital de Bayreuth où il séjourne jusqu’au 29 mai 1945 pour son état de grande faiblesse. C’est alors qu’il rentre en France par Longwy. Il rejoint Chartres où il espère retrouver sa famille et sa fiancée.
Après-guerre il habite successivement à Chartres (Eure-et-Loir), Houilles (Seine-et-Oise), Liancourt et Cauffry (Oise), Château-Thierry et Jaulgonne (Aisne).
Il dirigera une usine de plastiques, la SFEC (Société Française d’Emballages et Conditionnementy) à Château-Thierry (qui existe toujours).*
Il adhère à la section locale de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes). Il y occupe successivement les postes de trésorier, secrétaire et président.
Il devient aussi secrétaire général de la FNDIRP du département de l’Aisne, délégué pour la correction des épreuves du CNRD (Concours National de la Résistance et de la Déportation) et conférencier dans les établissements scolaires (collèges et lycées) de tout le département où il intervient pour parler de sa déportation et répondre aux questions des élèves.
Il décède en septembre 2000, Maria son épouse, conserve ses cendres dans leur maison de Jaulgonne. A son décès, en octobre 2013, leur fille Nelly dépose les deux urnes dans le caveau familial du cimetière d’Azy-sur-Marne dans l’Aisne.
Source : Nelly Estruch-Pons

Le contact avec la famille est-il possible ? OUI
Le CEDREL dispose-t-il d'un dossier plus complet ? OUI
© CEDREL 2024
menu-circlecross-circle linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram