Le Maquis de la Ferté Vidame

C’est le plus ancien du département mais il ne se constitue qu’en février 1944 avec la livraison de deux mitraillettes STEN par Gabriel HERBELIN (futur “Duroc” de Plainville) et Jean RENAULDON (vétérinaire à La Loupe) à Joseph LE NOC lequel est chargé du recrutement des jeunes de la région boisée.

En Mai, une dizaine de résistants prend le maquis dans les bois situés au sud du Parc Citroën au lieudit le Pénitencier. En juin le maquis comptera 50 unités et devra déménager car les lieux sont trop proches d’une brigade SS venue faire la chasse aux maquisards et qui loge dans ce Parc avec automitrailleuses, semi chenillés et compagnie cynophile.

Voici l’histoire de ce maquis :

LA FORMATION DU MAQUIS

Aux origines

Dès 1940 se manifeste un besoin de combattre la résignation des populations locales. Mary Thibault maire de Morvilliers prend des initiatives : il récupère des tracts venus de Paris à Ivry la Bataille et qui lui sont remis par Paul Vigueur, un enseignant communiste.

Les tracts sont diffusés sous le manteau auprès de ses amis et des personne sures ; ils appellent à ne pas perdre l’espoir d’une libération et à rester prudent.

Ces tracts sont cachés dans une boite en fer et posés dans le creux d’arbre dans la cour de sa ferme aux Pleins.

Mais il est dénoncé et les Allemands perquisitionnent. Ils ne trouvent rien et Mary Thibault s’en sort bien. Il va continuer sa propagande.

Mary THIBAULT Maire de Morvilliers

Il est en lien avec Jules Brantonne, contrôleur des impôts, avec les garagistes Seguin et Maurice Pécoul directeur du Silo. S’ajoutent Gilbert Lair, Charles Avice, Henry Lescene et d’autres. Agriculteurs, fonctionnaires, artisans se retrouvent dans une même idée patriotique : faire quelque chose contre l’occupant, mais quoi ?

le Garage de Pierre et Alfred SEGUIN

Ce groupe constitue, pour l’instant, un simple réseau de relations sans aucun objectif militaire.

En novembre1943, se présente aux Pleins un aviateur canadien récupéré par Alfred Avisse devant l’église. Il recherche des contacts avec des résistants. Conduit chez Mary Thibault, il passe la nuit dans la grange et est conduit le lendemain à Chartres où Thibault a obtenu un contact. Mais le lendemain, 23 novembre 43, la Gestapo est dans la cour de la ferme.

Les SS arrêtent alors Mary Thibault et Alfred AVISSE qui feront 47 jours de prison à Chartres mais Thibault sera libéré devant son obstination à nier toute appartenance à la Résistance.

Avec son secrétaire de Mairie, l’instituteur Chaumont, des fausses cartes d’identité seront créées pour les jeunes réfractaires au STO mis en place en février 43.

Vraie carte d’André THIBAULT et fausse carte de son frère René

Chaque jeune aura 6 fausses cartes à des noms divers. Elles seront cachées à Morvilliers chez Thibault. S’il y a une arrestation, le jeune doit rapporter l’ancienne carte et en reçoit une nouvelle.

Le renfort des jeunes

Mary Thibault est libéré le 3 février 44. Il est ramené en voiture par Alain Le Noc et Dufour directeur des services vétérinaires de Chartres. Arrivés à Tardais dans la Simca 5, deux jeunes à pied sont sur la route : Joseph et un cousin arrivent de Bretagne où ils étaient cachés pour ne pas partir en Allemagne.

Joseph LE NOC créateur du maquis sous le nom d’Anatole

Dufour s’arrête et la famille Le Noc se reconnait mutuellement : père, fils, cousin tout le monde s’entasse dans la Simca 5 pour aller ensemble à Morvilliers.

Ces retrouvailles vont déclencher la création du maquis de la Ferté Vidame.

Tout va alors très vite.

Joseph est chargé de trouver des jeunes patriotes. Des mitraillettes lui sont livrées le lendemain par Gabriel Herbelin, futur chef du maquis de Plainville qui n’existe pas encore. Des armes ont déjà été parachutées en 43 à Meslay le Grenet et récupérées par les premiers résistants du département.

Gabriel HERBELIN natif de La Saucelle proche de la Ferté Vidame
Bernard BICHON “Brahim”
Fernand JOURDAIN “Clarck”
Robert LEFEVRE “Vincent”

Le recrutement commence et va s’accélérer.

CREATION DU MAQUIS EN FORET

Il faut trouver un lieu pour cacher les armes et se réunir en toute discrétion. Une maison forestière Javeline au lieu-dit le Pénitencier fait l’affaire. Située vers le chêne d’Auvilliers elle s’avère rapidement trop petite et surtout mal placée car à 50 mètres de là le bois où elle se trouve est contigu au Parc Citroen qui regorge d’Allemands et notamment de SS.

SS et maquisards sont trop proches, le maquis doit déménager
Le Château Blanc siège de l’Ortskommandantur à la Ferté Vidame
Les SS sont présents à la Ferté Vidame (photo internet)

Entrée du Parc d’essai Citroën où logent les SS dans la ferme de la Richardière

 Façade et Entrée Petit Château, les 110 chambres sont occupées par les soldats et leurs officiers

L’Ermitage autre logement des officiers en poste à la Ferté Vidame sous l’Occupation

Le maquis va éclater en trois endroits :

1°) La Tuilerie près des fermes Bichon et Le Noc à la Chapelle Fortin

Ruines de la Tuilerie. PC du maquis bombardé par les mortiers allemands le 10 aout 1944
Le bois de la Tuilerie à La Chapelle Fortin entouré de 4 fermes amies de soutien au maquis

           Le fournil du poste de radio ,ferme d’Alain LE NOC, Les Loquets.

                                     La Fortinière ferme de Marcel BICHON

La Reverdière Ferme de Maurice BICHON
Le Plessis, ferme de Louis LE NOC

  

2°) Les Rayers dans une dépendance de la ferme Thibault habitée par Mr Barreau

 Les Rayers

3°) Cocherel  chez Le Noc / Le Toupin        

carte des implantations Nord du maquis
Implantation Ouest du maquis, lieux de combats et de répression.

    

ET A SENONCHES ?

La ville a été très tôt investie en masse par les Allemands. Des dizaines d’officiers de sous-officiers et leurs ordonnances sont logées de force chez l’habitant. Les soldats se partagent entre les cantonnements en forêt et les villages où des garnisons sont installées dans des fermes.

Les châteaux et autres maisons bourgeoises sont réservés aux officiers et aux SS. Il en est ainsi de La Fresnaye, La Hézière, La Mancelière, Tardais, La loge des Bois, le Gland, La Ferté Vidame, le Château Blanc, l’Ermitage, le pavillon des Remises etc…

Par exemple au château du Gland une douzaine de ces officiers occupent la plupart des chambres en ayant relégués les propriétaires dans les annexes. Un contingent de 50 soldats est stationné à proximité dans la ferme de la Chauvière.

La villa des Peupliers siège de l’Ortskommandantur de Senonches

                    Cour du Château. Les soldats logent au dessus du préau de l’école en activité.

L’hôtel restaurant des Trois Marchands fréquenté par les officiers allemands.

      Le Château de Tardais occupé par les SS. Le propriétaire juif a quitté la France.        

Maison Pupil ( annexe de la Kommandantur)

LE CAMP GNEISENAU

Pancarte d’époque qui indiquait l’accès au dépôt de munitions allemand de Senonches

Senonches constitue un carrefour bien abrité par sa forêt. Le lieu est choisi pour implanter un gigantesque dépôt de munitions sur plus de 500 hectares à l’abri sous le couvert des chênes. GNEISENAU, le nom choisi, est celui d’un héros militaire prussien que les nazis glorifient au moment où le doute s’installe après les revers de 1943 (Stalingrad).

Comment fonctionne ce dépôt ?

Des wagons en provenance de La Loupe arrive par voie ferrée en gare de Senonches. Ils sont déchargés et les munitions transférées sur des camions réquisitionnés auprès des commerçants. Puis tout est dirigé vers le dépôt route de Belhommert.

A l’entrée de la forêt un poste de garde allemand contrôle les véhicules et les passagers. La zone est interdite à toute circulation privée. Les chargements sont déposés le long des lignes forestières sous des bâches et des branchages à raison d’un demi wagon tous les 50 mètres.

Il y a aussi un grand dépôt d’essence réservé aux véhicules allemands.

Vestiges des” baraques des Espagnols”, prisonniers républicains fournis par Vichy aux Allemands comme main d’œuvre.
Entrée de la baraque des douches et de la cuisine du camp.

Les prisonniers sénégalais du 26ème RTS sont employés comme manœuvres au milieu des bombardements du dépôt par les Alliés.

Le personnel d’exécution est constitué de prisonniers de guerre des régiments coloniaux qui se sont battus héroïquement à Senonches en 40. Il y a aussi 200 espagnols prisonniers, rescapés de la guerre d’Espagne et qui sont fournis par Vichy aux Allemands. Enfin de nombreux civils de la région sont salariés pour effectuer ces travaux de transport. Ce sont des volontaires qui souhaitent gagner un meilleur salaire qu’à la ferme. Ils seront nombreux à déserter le chantier lors des bombardements de juillet 44 et remplacés par des hommes réquisitionnés de force.

 Bombardements. Traces de cratères au Rond de l’Aitre.

Un équipage de bombardier anglais qui a été touché par la FLAK en 1942. Tombes à Senonches.

Dans ces conditions particulièrement difficiles, il n’y aura pas de résistance organisée à Senonches à part quelques civils qui vont renseigner les maquis.

Le cimetière de Senonches contient les tombes d’un équipage anglais abattu en 1942 lors d’une mission de bombardement sur des installations allemandes plus lointaines.

La Flak (DCA allemande) est i à Senonches.mplantée dans plusieurs points de la ville, protégeant ainsi le dépôt de munitions.                                        

La FLAK et ses canons de 88 à Senonches

                   

Notons le rôle très engagé de l’Abbé Corre, blessé en 14 et circulant en moto avec un bras défaillant pour apporter aux maquisards les informations nécessaires ou secourir un aviateur tombé. Les premiers résistants (Adolpho Sanchez Garcia et Edmond Antier) disparaitront en 42 probablement déportés. D’autres patriotes apparaitront en 44 avec Maurice Legrand, Georges Perche et quelques autres mais aucun groupe structuré ne verra le jour avant la Libération du 14 aout 44.

Dans le cimetière de Senonches est inhumé Michel Cauty un senonchois qui a rejoint le groupe de résistants Parisel à Chartres le 1er aout 44. Ce cheminot marié et père de 3 enfants participe à l’insurrection chartraine. Il est blessé le 18 à Vauparfonds (La Cavée) et décèdera à l’hôpital. Il sera déclaré Mort pour la France et une rue de Senonches portera son nom.                  

LES MAQUISARDS

On comptera une cinquantaine de jeunes maquisards à La Ferté Vidame, et plus d’une centaine de personnes assurant leur base arrière (renseignement, hébergement, restauration, faux papiers, cache d’armes, etc…)

Ils sont répartis en 4 groupes sous la direction d’un chef et le tout est commandé par le gendarme Gustave Roussel déserteur de la brigade de La Ferté Vidame qui est parti avec arme, uniforme et moto de service en début juillet 44.

La Gendarmerie de La Ferté Vidame est acquise à la Résistance

      G.Roussel, gendarme déserteur et Chef du Maquis.

Organigramme du maquis

Groupe de commandement : Gustave Roussel (Jim) , Maurice Jahandier (Beefsteack), André Landriau (Van), Jean Coutau (radio), Gaston Le Polotec (Pedro)

Groupe du Corps franc : Joseph Le Noc (Anatole) La chapelle Fortin

Groupe Brahim : Bernard Bichon (Brahim) La Chapelle Fortin

Groupe Robert : Robert Lefévre (Robert) la Ferté Vidame

Groupe Clarck : Fernand Jourdain (Clarck) Vannes

Chaque groupe de 10 à 12 hommes obtient une zone d’interventions particulière connue de ses membres dont ils sont originaires ce qui permet de connaitre tous les points de ravitaillement, les abris et les replis.

Le plus âgé (René Collet) a 34 ans et le plus jeune (André Marie) 16 ans.

Il y aura aussi un groupe commandé par Jules Brantonne (Hélène) qui est constitué par des plus âgés autour de La Lande sur Eure.

La formation au combat des maquisards

Tous ces jeunes gens n’ont aucune expérience militaire. Ils étaient trop jeunes pour la mobilisation de 39-40 et ils ont aujourd’hui de 20 à 23 ans. Ce sont des requis pour le STO qui devraient partir travailler en Allemagne.

Réfractaires sans cartes d’identité ni d’alimentation, ils ont dû quitter la maison pour se cacher des contrôles français ou allemands. En rejoignant le maquis, ils doivent accepter une discipline inconnue jusqu’alors.

Ce sont les chefs de groupe, souvent anciens militaires (Brahim, Clarck, Jim), qui vont les former à l’action clandestine : maniement d’armes, renseignements, parachutages, etc. Ils seront aidés par des envoyés de Londres comme Robert Bruhl (Georges) et Gérard Dedieu (Pierre).

Une partie des effectifs du maquis.

Boy, Pat, Estell au maquis de la Tuilerie        

« Georges » et les maquisards en 44 sur la place de l’actuelle salle des fêtes .

Tout cela se passe en forêt et souvent de nuit.

Ils logent dans des bâtisses abandonnées ou des fermes où plusieurs travaillent de jour. La nourriture est fournie par des familles complices et quelques commerçants : le boucher Godard, l’épicier Roger, le boulanger Devé, le café Clouet et quelques autres. Tous seront payés pour ces marchandises car les parachutages fournissent de l’argent au maquis sous un contrôle très strict qui sera vérifié à la libération.

Café Roger à Réveillon

LES PARACHUTAGES

Organiser les parachutages résulte d’un processus complexe mis en place depuis Londres par Paul Schmitt (Kim) et son représentant eurélien André Gagnon (Kim J.).

Deux terrains sont homologués près de ce maquis (Fusain à La Saucelle et Pastel à St Lubin de Cravant) et un troisième est prévu à la Ferté Vidame (Tableau) mais ne sera jamais utilisé.

Le terrain Fusain est situé dans la plaine de La Saucelle à la Pommeraie, vaste étendue de terres desservie par un unique chemin de terre et entouré de bois.

Le terrain de parachutage de La Pommeraie commune de la Saucelle.

Les armes arrivent en masse lors des parachutages de juin et juillet 1944

3 parachutages seront effectués sur ce terrain dont la phrase code les annonçant à la BBC sera : « Tiens voilà du boudin ». Cette phrase entendue dans n’importe quel lieu donne le feu vert pour que les résistants, avertis de l’existence du terrain, se retrouvent la nuit suivante par lune claire sur le lieu avec charrettes et chevaux pour emporter le matériel.

Le 7 juin, le 10 puis le 20 juillet 1944 des dizaines de containers d’armes seront réceptionnés sans encombre par les maquis de la Ferté Vidame, Crucey, Saulnières, Dreux et Plainville. Ce sont des dizaines d’hommes qui ne se connaissent pas qui se retrouvent lors de ces nuits de réception. Parfois, des agents allemands infiltrés seront détectés dans les groupes. Début aout un dernier parachutage se fera en catastrophe, containers éparpillés, parachutes dans les arbres et vers le début de l’après midi les Allemands sont là et découvrent les armes cachées dans le bois.

Roger Angoulevant, jeune maquisard qui gardait le dépôt, est arrêté et échappe de justesse à l’exécution.

A St Lubin de Cravant deux parachutages sont prévus mais un seul sera effectif.

Plusieurs endroits recevront les stocks d’armes :

Le Silo de La Ferté Vidame

La maison de Maurice Pécoul

La ferme de René Blondel à Lamblore

Le Presbytère de La Puisaye

La ferme Le Toupin à Cocherel

Le silo cache des armes dans la tour

        Maison du directeur Pécoul qui reçoit aussi des stocks d’armes en pleine ville.

Ferme LE TOUPIN/LE NOC à Cocherel

Presbytère de La Puisaye, cache d’armes avec la complicité de l’abbé BRECHEMIER

Le stockage d’armes est très périlleux et dangereux et ils doivent parfois être déplacés pour déjouer les contrôles allemands et les dénonciateurs.

Ainsi le 10 aout 44 à 10 Heures du matin, deux soldats allemands se présentent à l’orée du bois de la Tuilerie à La Chapelle Fortin et où se tient le maquis. Non repérés par la sentinelle distraite, ils tombent sur des civils en armes qui sont surpris par cette intrusion. Des coups de feu éclatent et un soldat est tué par Beefsteack tandis que l’autre s’enfuit vers la Kommandantur.

Les allemands reviendront en force avec canons et mortiers pour détruire le maquis. Mais les résistants ont pris le large avec les stocks d’armes pour se cacher au Bois Poirier puis à Cocherel.

COMBATS ET REPRESSION

La stratégie adoptée est claire : combats d’embuscades de nuit sur des convois allemands et pas d’attaques frontales. Les attaques devant se dérouler en forêt et loin des habitations.

Un seul écart à cette stratégie coutera la vie à trois maquisards de la Ferté Vidame.

Georges COLLET dit Le Marin fusillé le 12 aout
Jean ROUSSEAU dit Estell fusillé le 11 aout

Marcel BRAVO dit Mickey fusillé le 12 aout
Sépultures de COLLET et BRAVO cimetière de Morvilliers
Le Château du Gland lieu de tortue et d’exécution des 3 maquisards de la Ferté Vidame
La route de Brezolles ,lieu d’attaque du maquis contre un véhicule allemand conduisant le secrétaire de la Kommandantur

Georges Collet, Jean Rousseau et Marcel Bravo seront arrêtés dans la planque des Rayers et conduits au Château du Gland où le major allemand Anton Schifferer les fait torturer puis fusiller après les avoir obligés à creuser leurs tombes.     

Bien qu’il soit douteux, y compris pour le Major, que ces trois maquisards soient les auteurs d’une attaque meurtrière pour le secrétaire de la Kommandantur de la Ferté Vidame, ils sont exécutés sans jugement. Le 9 aout un commando du maquis dirigé par André Chopin (Fred) avait posté son fusil mitrailleur sur la route de Brezolles au bois de Malassis à 10 heures du matin. Un véhicule allemand débouche et prend les rafales : deux morts et une femme blessée qui disparaitra.

Cette attaque s’étant déroulée à 300 mètres de la planque des Rayers et tout près de la ferme des Pleins autre lieu de la Résistance, les contrôles des SS commencent par ces lieux où ils découvriront ces trois jeunes.

Les SS fouillent les fermes et menacent les habitants. Aux Pleins, chez Mary Thibault, où logent Solange Roussel (Simone Berthier) épouse de Gustave Roussel (Jim, chef du maquis) et leurs trois enfants, les SS découvrent des uniformes anglais, des vélos cachés et du matériel de la résistance. Ils menacent d’exécuter toute la famille et un simple contre temps permet à ces victimes désignées de s’enfuir et se cacher. De rage, la ferme est brulée entièrement par des grenades incendiaires y compris les animaux. Elle sera reconstruite après la guerre.

La ferme des Pleins à Morvilliers

Ferme des Pleins reconstruite avec les dommages de guerre.

Il y a eu de nombreuses attaques du maquis contre les convois allemands et on ne dénombre aucune autre perte dans leurs rangs au moment des combats.

Le 21 juin 44 sur la RD 45 entre Moussonvilliers et la Ferté Vidame : deux véhicules dont un est incendié (groupe Clarck).

Le 7 juillet, attaque de nuit sur la route de St Maurice les Charencey contre un convoi : 3 camions endommagés par les crottins, 3 allemands tués et un blessé.

Le 18 juillet 44, Joseph accompagné de Le Polotec et de Roussel se rend sur la route de Neuilly sur Eure de nuit pour faire sauter le pylône d’observation allemand qui domine à 40 m de haut la plaine de La Loupe. Les pains de plastic sont posés et le pylône s’écroule. Il sera reconstruit sur un terrain miné mais inutilisable car les américains arrivent.

le pylône de Neuilly sur Eure

Le même groupe attaque le 6 aout sur la D4 un convoi qui doit s’enfuir refusant le combat.

D’autres attaques meurtrières pour les Allemands se dérouleront jusqu’à la libération par les Américains le 15 aout 44 : 8 aout un camion-citerne sur la route de Verneuil, 10 aout un convoi sur la RN12 et une camionnette à Rohaire, 11 aout aux Guérinots à la Lande sur Eure vers Longny, 12 aout combat de 6 heures contre les SS de la brigade anti-maquis sur la route de Marchainville, 13 aout une camionnette route de Moutiers, 14 aout un camion explosé par mine route de la Madeleine Bouvet.

Le 14 aout le P38 Lightning du lieutenant Eugène Baker s’écrase dans le parc Citroën appartenant à la famille Vieljeux. Il a été touché suite à un largage de ses bombes dont une a explosé au sol et atteint l’appareil qui volait à 40 mètres d’altitude seulement.

Baker sera enterré à la Ferté Vidame et sa famille viendra des USA se recueillir ici.

LA LIBERATION

Les Américains arrivent le 14 aout près de Senonches et sont victimes de tirs de canons de 88 postés de part et d’autre du pont de chemin de fer route de Laudigerie.

Pont SNCF des canons de 88              

Stèle de l’équipage tué (Laudigerie)

On relève plusieurs blessés et un tué (James Newberry) dans un Sherman.Un duel d’artillerie s’engage et plusieurs maisons sont en flammes ainsi que les Ets Vezard.

Quelques habitants se découvrent résistants et tentent de régler des comptes avec des éléments collaborateurs de la population. A la Kommandantur, les officiers sont les premiers à partir en direction de Dreux, laissant sur les bureaux les lettres de dénonciations d’habitants contre d’autres.

La ville est laissée aux mains d’un comité local de libération constitué par des volontaires qui vont gérer la population, car les forces US continuent à la poursuite des Allemands.

Carte FFI de Maurice LEGRAND Cafetier de Senonches

Dans la rue principale de Senonches, la population accueille les soldats US.

 Libération de Senonches

La libération de la Ferté Vidame a été précédée d’un tir d’obus par les chars alliés qui tentent de neutraliser les SS cantonnés à la Richardière. Mais les tirs sont mal réglés et le père Guillain est tué au cimetière par un obus. C’est le 15 aout 44 et la population sort des maisons pour les accueillir mais ils ne s’attardent pas car un groupe de combat allemand a été installé à la Mancelière (kampfgruppeWeber). Ces allemands sont sacrifiés pour retarder avec des moyens ridicules l’avancée américaine.

Avant de partir, les Allemands tentent de rançonner les notables : notaire, pharmacien, maire et docteur sont pris en otages contre versement d’argent.

Les véhicules sont volés aux habitants, c’est la débandade.

Sur la place de l’Hotel de ville le maquis apparait en armes avec Jules Brantonne qui destitue le Maire et réorganise la ville(postes de surveillance, ravitaillement) .

En haut de la tour du silo est installé un fusil mitrailleur qui surveille les routes de Verneuil, de Brezolles et de la Lande. Des gardes armés sont postés aux 4 coins de la ville car la Werhrmacht est encore sur l’Avre à Verneuil. Et il y a des incursions allemandes car les soldats ignorent que la Ferté Vidame a été libérée.

 Le 17 aout, André Marie (Charley) a 16 ans et il est en poste route de Verneuil lorsque débouche un camion allemand avec 4 SS. Il est seul et tire des rafales de sten obligeant les soldats à fuir. Il fait prisonnier le chauffeur et le ramène avec le camion en ville où il sest détenu au petit château.

Prisonniers allemands gardés par les FFI dans la cour du petit château.

La liberté retrouvée, les réglements de compte commencent avec ceux qui se sont enrichis avec la collaboration. Chez Belé, qui recevait les officiers à déjeuner régulièrement alors que la population manquait de tout, les griefs fusent. Des années plus tard on retrouvera la trace de ses acquisitions immobilières de biens juifs.

Joseph Le Noc avait reçu l’ordre du maquis de jeter une grenade à travers la vitrine de la boutique lors d’un de ces repas. Il avait renoncé en pensant aux habitants qui en auraient payé le prix fort.

 Boutique Belé La Ferté Vidame

Dans la région deux stèles de fusillés

La Framboisière Etienne Achavanne

               Belhomert Stèle Nion père et fils

A la Lande sur Eure, Madame Husson est institutrice et loge au premier étage de la mairie. Elle est aussi à la tête d’un petit groupe de résistants en contact avec la Ferté Vidame. Lors de la débâcle allemande, la milice qui n’a pu avoir sa tête, mitraille la façade de son logement.

Façade mitraillée de la Mairie et du logement de l’institutrice Madame HUSSON
Madame HUSSON dirige un petit groupe de résistants à la Lande sur Eure et est en contact avec Joseph LE NOC

Toutes photos non sourcées proviennent de collection personnelle et des dons des familles de résistants.

Pour aller plus loin :

Lire “La Résistance en Eure et Loir” d’Albert HUDE, éditions du Petit Pavé 2015.

Du même auteur et chez le même éditeur : “Le maquis de la Ferté Vidame” 2022.

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