Né en 1920 il fait partie de la classe requise pour le STO et il se retrouve en gare de Chartres avec une vingtaine de jeunes gens comme lui à destination de la Bretagne. Conscient de cet aspect du travail forcé pour les Allemands et conscient aussi des menaces qui pèseraient sur sa famille s’il ratait le départ, il décide finalement de rejoindre son affectation à Auray.
Il fait désormais partie des requis STO de l’Organisation TODT qui construit les fortifications de l’Atlantique. Il bénéficie d’une permission pour retourner chez lui avant de revenir au camp et apprendre que plusieurs hommes ont été transférés en Allemagne et que son tour est pour bientôt.
Il décide alors de s’évader et de retourner à Chartres.
En renouant des contacts au Sporting club de Chartres, il intègre progressivement les groupes clandestins.
Avant son incorporation au STO il avait déjà évoqué avec Pierre Maurice son intention de faire quelque chose… De retour et après une planque de 15 jours au Mousseau près de Lèves grace à Camille, il a son premier contact sérieux avec la résistance : il s’agit d’un nommé Germain qui serait officier d’un maquis de Normandie.
Il s’agit en fait de Roland Boursier résistant FTP qui s’est évadé d’un camp de travail normand et qui recrute autour de Chartres. Mosbah découvre avec lui, les armes et le plastic avec lequel ils font sauter des pylones électriques en campagne.
Il croise de plus en plus de clandestins qui s’investissent en 1943 dans la lutte armée et qu’il faut organiser. Des tracts sont diffusés, des pancartes de signalisation sont détournées, et des lignes électriques sont sectionnées.
Sous le pseudonyme de Marius il devient le chef du Détachement Marceau sous le commandement de Germain. Il obtient une fausse carte d’identité au nom de Marius Daniel Tessier né à Logron en 1922.
Le réseau s’étend vers Chatillon en Dunois, Tremblay et Thivars chez des cultivateurs . Plusieurs fermes sont des points d’appui : Moulin, Hue, Ségouin, Goron.
Germain loge chez Noël à Chartres au magasin les Quatre Coins.
Lorsd’une rencontre fortuite avec une jeune fille, il apprend d’elle qu’une de ses amies “voudrait faire quelque chose”… Rendez-vous est pris au lavoir de Thivars le surlendemain à 9 heures. Sur place une jeune fille est là. Elle a 18 ans et se nomme Simone Ségouin (Nicole) et propose d’utiliser la ferme parentale de Thivars comme planque où elle habite avec ses parents et deux frères qu’elle présentera à Marius.
Chef de groupe avec de lourdes responsabilités, Marius aborde l’année 1944 avec le sabotage de la ligne téléphonique reliant Chartres à Chateau du Loir.
Germain, l’ayant évalué, lui donne le numéro 1819-5 qui figure au bas d’une déclaration où son nom ne figurera pas et où il s’engage sur sa vie aux FTP secteur Ouest. Les rapports, exigés sur les actions de son groupe, sont transmis à Germain roulés dans le guidon de son vélo.
Dans les actions du détachement Marceau on relève :
Le Tremblay devient la base de Marius qui continue de prendre de nouveaux contacts : Jubault et Aspil, (gendarmes de Cloyes sur le loir et de La Bourdinière St Loup) , famille Paulmier, Roger Laigneau, André Ménager,etc.
Le réseau s’équipe en agents de liaison : fonction féminine qui avale des km à longueur de journée pour transmettre informations, messages et rapports entre les différentes planques organisées.
Marius rencontre le Kid (Armand Lhuillery) qui lui apporte un ordre du commandant Jacques (Maurice Roquet) du secteur sud des FTP. Rendez-vous est pris pour une rencontre dans les bois de Logron au cours de laquelle Marius explique qu’il dépend, via Germain, du secteur Ouest, du commandant Fernand (Armand Relaut).
Le débarquement du 6 juin 44 est le signal du développement des actes de sabotage (panneaux indicateurs, tentative de déraillement de trains de munitions au Bois Mouchet, combats contre des agents de la Gestapo à St Hilaire sur Erre).
Les parachutages fournissent de nouvelles armes : FM, mitraillettes, fusils, colts, bazookas. Chargées sur des charettes, elles sont stockées en différents endroits dont La Rifaudière.
Le 14 juillet 1944 Marius organise une manifestation patriotique à Chatillon en Dunois. Sont rassemblés plusieurs résistants arborant un brassard FFI ou FTPF selon les cas.
Ils défilent en ville avec leurs armes cachées dans les sacs et vont jusqu’au monument aux morts pour y observer une minute de silence et tirer une salve d’honneur. Les Allemands ne se sont pas montrés. Puis, c’est le retour au café Donat-Bienvenu pour y trinquer au verre de l’amitié.
Les actions les plus diverses continuent pour le détachement Marceau dont le périmètre reste celui du sud-ouest de l’Eure et Loir avec débordement sur le Loir et Cher si nécessaire. A la ferme du Bois St Père les cultivateurs stockent les armes et même un poste émetteur récepteur dans le grenier. Marius y découvre un aviateur anglais récupéré et caché par Jolivet le fermier. Il sera transféré avec des habits civils fournis par Madame Jolivet dans une autre planque vers le Bois Mouchet.
Début aout, un groupe de 30 miliciens, renseignés probablement par le capitaine Henri résistant infiltré, s’attaque au PC de la ferme de l’Espérance à Gohory, défendue par André Gillet seul, et qui ne peut tenir longtemps. Marius, son groupe et Jean Claude du Boulay Duparc et le sien tentent de rejoindre Gohory mais arrivent trop tard car Gillet a été tué.
Lors d’une mission en voiture entre Chatillon et Langey, Marius et trois résistants dont le capitaine Dumont (Julien) et le lieutenant Sénéchal (Etienne) tombent sur une quarantaine de soldats qui barrent la route. Les tirs des mitraillettes STEN surprennent les Allemands ripostant sur la voiture qui vient de traverser le barrage. Marius ressent une douleur à l’épaule, il est touché comme Gaston, le chauffeur atteint à l’épaule et à la nuque. Julien est aussi grièvement atteint, on l’amputera du bras droit.
Le 11 aout 1944, à Chatillon en Dunois, les résistants du détachement Marceau se regroupent et décident de participer à la libération de la ville. Combat inégal qui oblige au repli au nord de Chatillon dans des planques pour échapper aux tirs de mortiers allemands. Le tocsin sonne sur la ville. Dans l’affrontement une civile est tuée (Madame Coquant), un résistant est blessé (Bouclet) et un combattant fait prisonnier (Delabriere) et qui sera exécuté après torture au Bussard.
Le détachement Marceau participera ensuite à la libération de Chartres avec des dizaines de résistants venant de toute la région. Les forces américaines ayant nettoyé les passages, c’est plutôt une forme de guérilla urbaine qui est confiée à la résistance pour capturer les éléments allemands éparpillés dans la ville.
Marius retrouvera des connaissances comme Cadieu, ancien de la guerre d’Espagne et boxeur professionnel avant guerre.
Après la libération du département Marius redevient Pierre Mosbah. On le voit défiler à Chartres derrière Germain et Nicole, accompagné de tout le détachement Marceau.
La balle reçue à l’épaule le 6 aout 44 ne pourra être extraite car elle s’est éclatée en plusieurs points sensibles.
Au retour à la vie civile il fera partie des “Ferrailleurs” qui vont construire l’aéroport d’Orly Sud.