La famille NION habite la gare de Belhomert dans des conditions très précaires. Une sorte de cabanon en bordure de forêt abrite les nombreux membres de la famille dont une jeune fille qui fréquente beaucoup les soldats allemands.
Ils ne sont pas bien vus dans le village tout proche car ils vivent d’expédients en marge de la société rurale.
Henri, le père entraîne souvent avec lui son fils de 17 ans qui se nomme Lucien.
Toujours à l’affût de récupérer tout ce qui traîne, ils se déplacent partout sans se soucier trop de l’Occupation.
Henri et Lucien NION n’ont rien à voir avec la Résistance. Ce sont des marginaux, connus comme tels dans le pays.
Les bataillons allemands sur le repli passent par le village et l’un d’eux stationne 1 ou 2 jours ici.
Au moment de la retraite allemande, qui se forme mi août 44 devant la poussée des armées US, il existe un esprit de débandade parmi les troupes de la Wehrmacht et on relève des désertions.
2 soldats disparaissent à Belhomert en s’habillant en civils. Leurs vêtements militaires et leurs armes sont laissés le long du ruisseau et c’est ainsi qu’ils sont découverts par les NION.
C’est une aubaine pour eux et ils récupèrent le tout.
Mais la sentinelle allemande juchée en haut du clocher du village les a repérés avec ses jumelles et une patrouille est envoyée vers eux.
L’officier arrête les deux hommes et les accusent d’avoir fait disparaître les 2 soldats en les tuant, mais on ne retrouve aucun corps dans le coin.
Henri NION proteste de son innocence mais le peloton d’exécution est formé sur le champ au poste allemand des 4 routes.
Dans le contexte des attaques des maquisards de la région qui se multiplient dans la première quinzaine d’août, les Allemands ne font plus de détail.
Ils sont fusillés à l’entrée du dépôt de munitions Gneisenau à la lisière de la forêt de Senonches le 14 août 1944. les troupes alliées retrouveront les corps le 18 et ils seront inhumés le 19 devant la population réunie.
La résistance organisera une collecte au profit de la famille Nion très démunie après cet événement.
Une stèle sera posée par la municipalité des années plus tard.