PICOURT Raymond

Le réseau Picourt, détient son nom de celui de Raymond Picourt, pharmacien 15 avenue Jehan de Beauce à Chartres. C’est un agent secret de De Gaulle (matricule N° SRNX/1281), lieutenant de réserve du service de santé, né le 22 octobre 1900 au Tréport.

Dans sa pharmacie chartraine, un des préparateurs (Raymond Brousse) agit secrètement aussi pour la résistance dès 1940. Il est en lien avec le groupe communiste de Lèves et prépare des explosifs destinés à faire des dégâts dans les wagons de denrées qui partent en Allemagne.
Il sera fusillé à Chavannes après l’affaire de la librairie allemande en 1942.

De son coté, Picourt a été démobilisé en août 1940 et, dès le 16 août 1943, il convoie des aviateurs sur Paris comme le sergent Timothee Hay et le lieutenant Léonard Fink.

Raymond Picourt est un ami de Mme Trenoy, sa voisine âgée qui a une fille : Mme Orsini.

Picourt exerce successivement dans les réseaux Manipule, Gallien, Marco Polo mais ne se méfie pas et dévoile ses activités clandestines à Mme Trenoy et à sa fille.

Celle-ci connaît Charles Porte le commissaire de police proche de Jean Moulin qui est actif dans la résistance. Porte a pris la clandestinité après la menace de son arrestation dévoilée par Le Baube, Préfet collaborateur de Chartres. Cela ne l’empêche pas de revenir à Chartres prendre en charge Hay et l’emmener à Paris. Quant à Orsini, elle se charge de Fink et prend le train pour Paris.

Le 7 janvier 1944, six aviateurs tombent, tous saufs, d’un crash vers Orgères en Beauce et un vers le Gault Saint Denis. Picourt ne trouve pas Orsini et se charge seul de les conduire à Paris. Il héberge souvent des aviateurs chez lui avant leur transfert et ce malgré que son immeuble soit en partie occupé par des officiers allemands et quelques soldats.

Parfois, il utilise la filière Comète et le train vers l’Espagne grâce à M. Leclerc, cheminot à Orléans.

Lorsqu’Orsini réapparaît, elle travaille au buffet hôtel de la gare de Chartres qui est tenu par son mari à la suite du retrait de Mr Trenoy. Picourt apprend d’elle que Porte a été arrêté par la Gestapo. Elle lui présente un enseignant dont la famille fait partie d’un réseau faisant traverser les Pyrénées à des réfugiés, lequel le met en contact avec un dénommé Henry, ingénieur travaillant rue de Madrid à Paris. Raymond Picourt décide d’aller avec elle à Paris pour rencontrer HENRY du réseau Comète, réseau qui survit aux arrestations des dirigeants. Orsini accepte et accompagne un groupe d’aviateurs à Paris qu’elle remet à HENRY.

Ce qu’apparemment elle ignore, c’est qu’HENRY a été arrêté par la Gestapo quelque temps auparavant, qu’il a livré tout le réseau Comète et qu’il a été libéré par les Allemands sous la condition de poursuivre les réseaux de rapatriement en y installant un agent double à la solde des nazis : Jean Jacques DESOUBRIES.

DESOUBRIES avait infiltré Comète dès mai 1943 et s’attache désormais à détruire le réseau Picourt. HENRY présente DESOUBRIES à Orsini et à Picourt comme convoyeur attitré des aviateurs.

Le pharmacien est en contact avec plusieurs responsables des groupes d’Eure et Loir. Jules Divers écrira que Picourt a pris l’initiative de passer des messages à Londres pour éviter le bombardement d’un quartier de la gare de Chartres (où se tient sa pharmacie) bombardement ayant pour objectif le central téléphonique de la gare. Picourt a donc les moyens de faire passer des messages probablement par le capitaine Pierre (Gérard Dedieu) agent SOE parachuté par les Anglais pour encadrer les résistants. Cependant un bombardement sera programmé le 30 juin 44 et causera quelques dégâts dans le quartier de la gare.

Le cloisonnement des contacts est totalement défaillant autour de Raymond Picourt ce dont va profiter l’agent DESOUBRIES. Raymond Picourt est en principe un agent de renseignement et sera recruté par Jacques Voyer comme agent du réseau Sussex. Ces activités nécessitent une totale clandestinité et un cloisonnement des activités résistantes.

Picourt ignore tout des antécédents de DESOUBRIES et le présente à Raymond Vauvilliers, à Mme Foreau, à M. Lecureur, etc… tous résistants. Par Vauvilliers, DESOUBRIES infiltre Dreux et approchera Pierre July.

Au-delà, la piste de Crucey, de SINCLAIR et de tous les groupes d’Eure et Loir est ouverte pour cet agent particulièrement redoutable.

En début aout 44, la libération est proche et DESOUBRIES n’a pas devant lui les quelques semaines qui lui aurait sans doute permis de démanteler tous les groupes d’Eure et Loir.

En juin et juillet 1944, au moins 150 aviateurs tombés en Eure et Loir sur 168, passent par Orsini et DESOUBRIES qui se sont mis en ménage. Ces aviateurs seront conduits à Paris rue des Saussaies au siège de la Gestapo, puis à Fresnes avant d’être déportés à Buchenwald sous la condamnation de saboteurs ayant été pris en vêtements civils. Transférés au Stalag Luft III à Sagan en Allemagne le 19 octobre 1944, deux aviateurs y laisseront leur vie (Lewet Beck et Hemmens) sur les 51 convoyés par DESOUBRIES en provenance du réseau Picourt.

DESOUBRIES récupérera aussi 33 autres aviateurs chez le couple Vauvilliers et des dizaines d’autres tombés dans le nord du département et dans l’Eure voisine après leur récupération par les maquis de l’Eure, de Crucey ou de Dreux. A chaque livraison, un
«dédommagement» attend DESOUBRIES à la Gestapo.

Fin juillet, Orsini assiste, surprise apparemment, à l’arrestation de Guy Moreau, (l’agent de liaison du réseau Hunter) par la Gestapo et en présence de DESOUBRIES. Elle aurait eu à ce moment la révélation de la situation d’agent double de son amant et veut le quitter. Il lui tire alors une balle de revolver dans l’abdomen et elle ira attendre la libération à la clinique de Neuilly sur Seine.

Entre temps, Picourt est recruté une nouvelle fois par Ronald Shean (Septime) et Gérard Dedieu (Jérome Pierre) deux agents formés à Londres et parachutés pour encadrer les groupes de résistance d’Eure et Loir. Ils doivent constituer des groupes francs d’une dizaine de résistants chacun pour traverser les lignes allemandes début aout 44 et prendre contact avec les forces US afin de les renseigner sur l’ennemi retranché en Eure et Loir.

Après la liquidation de Madame Orsini, Picourt est enfin informé de la véritable mission de DESOUBRIES et quitte précipitamment son refuge de Barjouville pour Villebon où il continue d’abriter des aviateurs. Mme Picourt ignorant tout accueille encore DESOUBRIES à Barjouville le 8 août et lui communique l’adresse d’un aviateur caché, James Walter Bozarth, tombé à Lèves le 1er août 1944, et celle de ceux de Villebon.
Devant l’avancée des troupes américaines, DESOUBRIES renonce à cette mission de Villebon et il est vu pour la dernière fois à Saint Piat par Mme Vauvilliers le 10 août avec quatre hommes qui l’accompagnent en voiture.

Arrêté à Augsbourg en Allemagne le 10 mars 1947, transféré et jugé en France il est fusillé le 20 décembre 1949 dans les fossés du fort de Montrouge en criant « Heil Hitler ».

Quant à Orsini, elle passera au travers de la justice et bénéficiera d’un acquittement en mai 1946.

Raymond Picourt sera accusé d’être un chef de la milice après-guerre alors qu’il fût soupçonné d’être dans la résistance par M. Court chef de la milice eurélienne au début de 1944. Il devra se justifier face aux aviateurs revenus des camps de concentration en 1945. Finalement blanchi, son témoignage montrera surtout le grand amateurisme d’un agent de renseignement qui fait confiance à des voisines en leur donnant les contacts clandestins des résistants du département.

Il est décédé en aout 1952.

Croix de guerre décernée en 1946.

Sources: diverses études dont le livre de son fils William .

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