Il est né le 7 février 1899 à Paris 19ème, Seine, Île-de-France et réside en 1940 à Villemeux sur Eure où il s’est installé pour soigner ses poumons gazés durant la grande guerre. Il exerce le métier de coiffeur et s’occupe de plusieurs ruchers.
Marié le 20 janvier 1921 à Paris, 75013, Seine, Île-de-France, avec Elisabeth Mina JEAN, ils ont deux enfants dont Lucette (Sylvia) qui sera active dans la résistance.
Lors de l’invasion allemande, il seconde Paul Brière adjoint au maire pour assurer à la centaine d’habitants restants au village, l’approvisionnement et la sécurité.
Il est rejoint par Michel Cloche capitaine de 70 ans et Louis de Saint-Michel Dunezat sous-lieutenant de chasseurs. Chacun endosse un rôle administratif pour répondre aux besoins des habitants.
Progressivement et avec le retour des soldats démobilisés encore valides, un petit groupe se forme : Varin, Charles, Langlois, Vidière et le suisse Hanni partagent les mêmes idées de révolte face à l’occupation allemande.
Entrée en résistance le 1er mars 1942
Au début de 1942, un radio nommé Bob effectue ses émissions dans le grenier de Michel Cloche qui se fera appeler « Bell ». Ce dernier sollicite Hélix pour rejoindre un réseau : celui de la Confrérie Notre Dame (CND) mis en place par Gilbert Renault (colonel Rémy) lequel dirige un service de renseignements gaulliste depuis Londres.
7 hommes se joignent à Hélix (Hélium) pour constituer ce groupe dont il assure la direction militaire. Un service de ravitaillement est créé de même qu’une unité sanitaire et médicale avec Mademoiselle Allimonier et le docteur Parquet.
Le réseau Cohors-Asturies se rapproche de la CND-Castille, ce qui développe le groupe mais ce rapprochement, fortement déconseillé par Londres, causera des dégâts gigantesques en termes d’arrestations au plan national.
Hélix et Cloche sont les seuls affiliés à la CND et éviteront d’en faire état auprès d’autres résistants du groupe.
Les problèmes commencent à s’accumuler : Bob le radio est arrêté le 29 mai 1942 et est remplacé par Jacot qui sera de même arrêté le28 juin 1943. Si les radios parlent c’en est fini de la résistance à Villemeux sur Eure et dans l’Eure proche où ils étaient en contact à Pont d’Authou chez Nora Chédeville pour passer des messages.
C’est maintenant Guyomarc’h qui les remplace et le réseau continue.
A Ouerre, Francis Fermine, un envoyé du Front National communiste, se propose à Hélix pour constituer un maquis dans la région.
Des groupes sont créés à Ormoy avec Marie, à Croisilles avec Charles, à Mérangles avec Hanni, à Villemeux avec Bruneau et Chanteloup, à Chandon avec Prémartin.
Bell et Hélium sont maintenant à la tête de 120 hommes avec service médical, ravitaillement, fabrication et diffusion de tracts, fausses cartes d’identité, etc…
Le maquis de Ouerre au Bois Brûlé avec Hanni est en place et un autre, vite abandonné, est installé en forêt de Rambouillet. Des réfractaires STO sont accueillis et des aviateurs tombés recueillis.
La Trahison
Parmi les jeunes réfractaires au STO, William Marigault, dont le frère James tient un café à Croisilles, s’adresse à Hélix pour obtenir sa fausse carte d’identité. Chose faite il remet 50 francs aux clandestins pour le secours aux familles de fusillés.
Mais au lieu d’aller se cacher dans l’Eure comme la résistance lui en avait donné l’ordre, il reste dans la région et nargue les habitants en produisant sa fausse carte à tout venant.
Avec un « aviateur » soi-disant tombé fin septembre 1943 à Croisilles, William Marigault se promène au grand jour. Il le présente à Charles le 9 octobre et lui annonce que “l’aviateur ” peut fournir 45 caisses d’armes à la résistance. Face à ce piège grossier Hélix veut qu’on exécute cet homme manipulé par les Allemands.
Mais Charles le rassure en indiquant qu’aucune information n’a été donnée à l’individu. Le 11 octobre, Charles, les frères Marigault et plusieurs FTP sont arrêtés.
Raymond Hélix qui ignore ce dernier évènement est arrêté à son tour à 9 heures du matin.
Ses filles Maude et Sylvia font le ménage dès le départ des Allemands : tracts, armes, poste émetteur et fichiers sont évacués de sorte que la perquisition de la Gestapo qui suit ne trouve rien. A défaut les policiers se servent dans les armoires (vaisselle, couvert et objets divers) ; ils reviendront trois fois de suite se servir devant les enfants affolés.
Rhoem, inspecteur principal de la Gestapo surveille les perquisitions et interroge les deux filles mais sans succès.
Dans la voiture qui l’emmène à Croisilles, Hélix, très calme, réussit à extraire de ses poches deux papiers compromettants qu’il avale. Marigault est assis à ses cotés et évite de croiser son regard.
A Croisilles, envahi par des centaines de soldats, Hélix est jeté dans un café où il retrouve une douzaine d’hommes gardés par les mitraillettes de trois soldats. Charles de la CND est là aussi avec sa femme. Les nerfs de bœufs sont posés sur le billard devant les prisonniers qui sont fouillés puis interrogés.
Une sorte de tribunal militaire est réunie dans le café où Hélix est confronté avec Marigault. La question porte sur la fourniture de la fausse carte d’identité et chacun maintient sa version. Marigault avance que Hélix est un grand fournisseur de fausses cartes et qu’il s’occupe de parachutages ce qui conduit le « juge » à l’interroger plus fermement.
Six soldats se jettent sur lui et le frappent violemment notamment avec une matraque sur ressort avec une boule de plomb à l’extrémité. A demi inconscient il est conduit dans une chambre la tête en sang.
Puis l’interrogatoire reprend ainsi que les coups violents sous la direction de Roehm.
Il est ensuite conduit à la Mairie de Croisilles où un simulacre d’exécution avec un capuchon sur la tête est organisé. Hélix croit maintenant sa dernière heure venue mais Roehm veut d’abord le faire avouer. On le dénude et, pieds et poings liés dans le dos, ce sont les nerfs de bœufs qui lui arrachent des cris de douleur.
Les Allemands essaient une autre méthode et le conduisent vers ses ruchers qui sont éventrés, mais les abeilles hivernent et les soldats s’en sortent bien. Sur la route du retour, Hélix tente une évasion en ouvrant la portière de l’auto mais ses forces l’abandonnent et il s’écrase sur la route.
Les interrogatoires et les coups reprennent alors qu’Hélix commence à perdre la notion de vie et délire face à Roehm qui s’énerve devant ce français qui résiste à un tel régime.
Durant l’inconscience de la victime, les Allemands font défiler d’autres interpellés pour les effrayer.
Finalement, Hélix est transféré à la caserne Billy à Dreux où il est jeté en cellule avec d’autres dont Giboreau de Croisilles qui le questionne sur ses activités clandestines mais Hélix se méfie et dévie les conversations.
Il entend à travers les murs les cris de ceux qu’il connait : Charles, Guidenot, Prémartin qui passent à la torture. C’est à nouveau le tour d’Hélix qui est brûlé avec un appareil thermocautère.
Cela fait maintenant deux jours qu’il est entre les mains des tortionnaires et il leur réclame désormais d’en finir avec sa vie, n’ayant plus aucun espoir si ce n‘est de conserver le silence pour ne pas leur faire ce cadeau.
Roehm passe à d’autres affaires de basse police et ne reverra plus Hélix qui est conduit à la prison allemande de Chartres comme Marigault et Prémartin.
A 5 dans une cellule minuscule qu’il partage avec des droits communs, sans paillasse et avec une seule couverture, il attend la mort, brisé totalement.
Marigault, de sa cellule voisine, peut communiquer par un petit trou dans le mur. Le traitre, qui a été aussi maltraité par Roehm, lui apprend d’autres arrestations : Bruneau, Vidière, Langlois, Chanteloup, et Fermine.
Ces nouvelles sont complétées par de fausses informations comme la découverte du maquis et des stocks d’armes afin d’obtenir d’Hélix des réponses claires mais cela ne prend pas.
Lors des interrogatoires qui continuent Rue des Capuçins à Chartres au siège de la Gestapo locale, Marigault et Fermine sont souvent emmenés ensemble et Hélix s’interroge sur Francis Fermine technicien aux armes des FTP, (après avoir été recensé dans les troupes de Jules Divers proche de Libé-Nord), qui aurait dû disparaitre de suite après l’arrestation de Hélix. Mais il est resté sur place et a été arrêté 2 jours plus tard.
Ses doutes augmenteront quand sa femme lui apprendra l’arrestation de Defollin, un FTP connu du seul Fermine comme les deux jeunes Briatte.
Aidé par se codétenus dont un policier chartrain, il parvient à se nourrir et à se reposer mais ses blessures dues aux coups et aux brûlures le font terriblement souffrir à tel point que le médecin allemand qui l’examine le 27 octobre 1943, le dit condamné à court terme.
A la prison, le docteur Brault puis l’abbé Oger lui donnent des nouvelles de Villemeux puis c’est l’arrivée du docteur Parquet lié à la CND et enfin du docteur Fourmestraux qui s’inquiètent tous de sa santé.
Tandis que Roehm et ses tortionnaires ont annoncé que « Hélix c’est fini » ces médecins patriotes et admiratifs du courage de ce détenu vont tout faire pour contrarier la Gestapo et sauver Hélix qui pourra même entrevoir sa femme à la prison grâce à des complicités.
Durant son lent rétablissement, il apprend la vague d’arrestations des patriotes de la CND et des FTP soit plus d’une cinquantaine. Les groupes sont décimés et plusieurs patriotes feront partie des 31 fusillés au Mont Valérien le 30 mars 1944.
Raymond Hélix sera reconduit à son domicile « sous surveillance » le 8 mai 1944 et survivra, terriblement diminué, jusqu’à son décès le 29 juillet 1972.
William Marigault fût condamné à mort en septembre 1945, peine commuée en travaux forcés à perpétuité.
Croix de guerre 14-18