Cherisy, le viaduc doit être détruit !

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Cette conférence s’inscrit dans un programme de la ville de Cherisy pour commémorer cet exploit de la Résistance.

Le 18 juillet 1944 à 3h30 du matin, le viaduc subit une énorme explosion qui détruit plus de 50 mêtres de l’ouvrage, qui ne sera pas réparé par les Allemands, les privant ainsi d’une voie vitale pour les ravitailler en armement et troupes lors de la Bataille de Normandie.

Dwight Eisenhower, général en chef des troupes US du débarquement du 6 juin, adressera un vibrant message de félicitations à l’équipe de saboteurs français organisée dans les groupes de résistants locaux.

Viaduc de Cherisy, 18 juillet 1944, l’objectif des FFI

Une voie de chemin de fer vitale pour les Allemands

Bien avant que ne débute le débarquement du 6 juin 1944, cette voie est très utilisée par les troupes d’occupation pour acheminer dès 1943 troupes et matériels de guerre à destination du Mur de l’Atlantique.

Bénéficiant de plusieurs connexions ferroviaires importantes (Paris, Trappes, Dreux, Rouen, etc) cette ligne est précieusement protégée. Elle est aussi utilisée par les grosses entreprises françaises du BTP qui ont signé de juteux contrats avec l’entreprise TODT spécialisée dans la construction du Mur. Matériaux de toutes sortes et main d’œuvre réquisitionnée se chargent constamment dans les wagons.

Et une belle cible pour les résistants

La Résistance a bien perçu l’intérêt stratégique de la ligne et ne tarde pas avec les membres du Front National communiste, puis les FTP à porter de sévères coups aux différents transports : le « détachement Marceau » (Paul Legrand, Lucien Hilliou) attaque dès février 1942 le central téléphonique de Ste Gemme et en mars ce sont des locomotives et du matériel roulant qui sont sabotés par les cheminots FTPF.

En 1943, après une vague d’arrestations parmi les résistants, ceux-ci se reconstituent et sabotent constamment les voies du Paris Granville (Raville en juin, Marchezais en juillet, Cherisy en septembre, Vert en Drouais en octobre).

Les trains qui viennent de Paris sont utilisés aussi par les cheminots pour transporter du matériel de propagande antinazie qui est diffusé en Eure et Loir par Fian et Laroche au travers d’un réseau efficace. Les tracts parviennent jusque dans les fermes du nord du département.

D’autres groupes de résistance, la plupart non-combattants, agissent dans la région drouaise sans se concerter par mesure de sécurité. On y retrouve des cellules de renseignements comme celle de Léon Chesne du réseau ATHOS qui rejoindra le réseau Buckmaster, un réseau de récupération d’aviateurs tombés avec Madame Orial de Muzy et un certain nombre de personnes agissant à des titres divers de façon collective ou individuelle.

Le commandement local de la résistance

Incontestablement, l’avoué Pierre July apparait comme le chef local des résistants. Il n’est pas clandestin et son domicile comme sa profession sont connus de tous Allemands comme Français. July a débuté son engagement en fin 1943 quand il se rapproche de Quemin à Nogent le Roi, lequel lui fournit des mitraillettes françaises.

Ses contacts incluent à la fois des groupes de combattants tels ceux de Francis Dablin qui lui est adressé par Marc O Neill, chef régional des FFI en forêt d’Orléans ou Joseph Bergeron, des agents de renseignement ( Martinet, Binois), des agents de liaison (Guy Moreau) et des maquis comme ceux de Crucey ou Anet. Plusieurs femmes (Mmes Chackroun, Gaudy, Lacour) assurent la diffusion clandestine des tracts patriotiques. A leur actif, la pose d’une affichette sur le blockhaus allemand posé devant la Kommandantur pour protéger ce bâtiment du 24 rue St Martin qui fût l’Hôtel de France.

July est affilié à l’Organisation Civile et Militaire (OCM) comme Fred Guézé et d’autres. Cette organisation clandestine recrute parmi les cadres, les intellectuels et les professions libérales ; ce ne sont pas des combattants. Par contre quelques-uns participent aux réceptions de parachutages d’armes dont ils connaissent les terrains et le mode de fonctionnement.

D’autres groupes combattants membres de Libération-Nord sont aussi actifs dans la région (les maquis de Crucey, de Saulnières et de la Ferté Vidame).

La concentration des contacts autour de Pierre July lui facilite le travail clandestin mais constitue aussi un risque si ces contacts venaient à être infiltrés ce qui sera le cas en juillet 1944.

J.Martinet 
Fred Guézé 
Pierre July
Dablin, père et fils

Les Alliés veulent détruire le viaduc de Cherisy

Conscients de cette voie stratégique pour le ravitaillement allemand, les Anglais lancent inlassablement des opérations de bombardement du viaduc : 14 tentatives auront lieu et ce sera autant d’échecs. Cet ouvrage qui comporte une série d’arches de pierre surplombant l’Eure est très protégé par la FLAK (DCA allemande) et la chasse aérienne de Göring basée à St André de l’Eure.

Nombre d’avions bombardiers alliés sont touchés ce qui conduit à des pertes en pilotes et aviateurs que tentent de récupérer les maquis afin de les diriger vers l’Angleterre, ce qui prend des mois.

Le viaduc tient toujours et les matériels de guerre, chars, canons, essence et soldats continuent d’alimenter le front de Normandie notamment après le débarquement du 6 juin 44.

Dans le cadre d’un ordre général lancé par Londres à tous les mouvements de résistance en France, il s’agit d’attaquer les troupes allemandes qui renforcent le front normand. Cela inclue la destruction des voies de communications routières et ferroviaires comme la ligne de trains Paris Granville.

C’est par cette voie que transite des matériels spéciaux destinés à la base de Carpiquet (Calvados) qui abrite des rampes de lancement de V1.

Le plan de destruction du viaduc par la résistance

Roland Farjon

C’est un objectif majeur qui nécessite de résoudre en premier des questions techniques : il faut trouver un artificier, des pains de plastic, neutraliser les gardes-voies, s’approcher au plus près des piles du viaduc, etc…et tout cela sans être surpris par les soldats allemands de garde.

C’est Montet qui milite aux maquis de Crucey et de Saulnières qui se chargera de la préparation des explosifs. Des reconnaissances discrètes sur le viaduc lui permette d’évaluer la quantité de plastic nécessaire soit 80 kgs. Entre temps, Roland Farjon (OCM) évadé des prisons allemandes, a pris la direction des groupes de résistants du nord de l’Eure et Loir, désigné par Marc O Neill délégué régional et Maurice Clavel délégué départemental des FFI. C’est donc Farjon, et non July qui va diriger cette action de la résistance.

Il faut une quantité énorme de plastic, dont ne dispose pas le groupe de Dreux malgré le stock accumulé à Vitray sous Brezolles dans une résidence de Pierre July.

Il est nécessaire de se procurer un stock auprès d’Emile Maquaire du maquis de Plainville qui stocke ses explosifs à la Hurie dans le garage de son père. Une expédition est mise sur pied pour cela avec tous les risques de contrôle allemand sur les routes de jour car la circulation est interdite de nuit. Raymond Dive et Fernand Thierrée de Crucey se rendent donc à La Hurie chez Maquaire avec la vieille traction de Thierrée pour charger armes et explosifs réservés pour l’opération. Gabriel Herbelin (Duroc) les attend sur place et remet grenades, plastic et tabac. Dans la malle arrière de la 11CV Citroën tout est rangé et ils reprennent la route sans accroc car la feldgendarmerie est absente ce jour-là. Après réparation d’une crevaison et sous couvert des bois, car les avions américains sillonnent le ciel à la recherche de tout objectif, ils regagnent le bois de Paradis, base du maquis de Crucey.

Le stock s’accroit ainsi à Vitray sous Brezolles le 3 juillet quand François Grousseaud (Popeye) vient en chercher une partie pour le transporter à vélo jusqu’à Dreux.

Sur la route, il est arrêté par un contrôle de feldgendarmes alors qu’il a mis dans ses sacoches de vélo plusieurs kg de plastic. Faisant mine d’être un simplet, il fait sauter la chaine du vélo et va au-devant des soldats pour leur demander de l’aide qu’il obtient et passe ainsi le contrôle sans dommages.

Veillée d’armes

Depuis des semaines, l’aviation alliée bombarde ce viaduc pour couper les lignes d’approvisionnement allemandes. Après chaque passage des avions, l’Organisation Todt déploie des dizaines de français sélectionnés par les Maires et réquisitionnés pour réparer les dégâts qui, toutefois, restent toujours mineurs.

D’ailleurs, l’avant-veille de l’attaque par le maquis, ces manœuvres sont à l’ouvrage une nouvelle fois. Et le lendemain 17 juillet 1944, une nouvelle attaque aérienne des P47 Thunderboldt vient larguer des quantités de bombes sur l’ouvrage. Sans résultat probant.

Une fois le matériel explosif au complet, il s’agit de faire des repérages sur l’objectif et de constituer l’équipe de sabotage.

Le 16 juillet à 11 heures Farjon et Montet sont chez Bergeron à Dreux et vont reconnaitre à vélo l’objectif. En fin de journée, la 14 ème attaque aérienne survient et, profitant de la panique, les résistants déposent les explosifs qui sont cachés dans les touffes d’orties au pied du viaduc.

Le viaduc avant l’attaque

L’équipe est constituée de July, Farjon, Montet, Bergeron, Dablin père et fils, Agoutin, les frères Quinsac, Marange et Ranson ainsi que le Hollandais, agent instructeur parachuté.

Explosifs et mitraillettes sont donc sur place. Il faut maintenant constituer le groupe d’attaque et fixer l’heure. Ce sera le 18 juillet à 23 heures.

Une formidable explosion

Il n’est pas nécessaire que tous soient présents lors de l’action de sabotage. Et il faut limiter les risques en cas d’accrochage avec les soldats qui gardent de l’ouvrage. L’opération doit se dérouler dans la discrétion et il faudra aussi neutraliser les gardes-voies français réquisitionnés de nuit le long du viaduc.

Deux groupes sont prévus : Farjon, Bergeron et Montet avec repli sur Dreux ensuite, et les Dablin avec le Hollandais en repli sur Brissard.

A 23 heures, l’équipe est à nouveau rassemblée. Les infatigables Dablin et le Hollandais ont déjà préparé les armes. Chacun reçoit les consignes qui le concernent et, dans la nuit noire, les six hommes se dirigent vers l’objectif, emportant le matériel. Avant de se mettre au travail une reconnaissance est effectuée sur le viaduc par Farjon et Dablin père, qui grimpent le long du remblai et parcourent le tablier d’un bout à l’autre. Rien à signaler, ni Allemands, ni gardes-voies. On peut donc opérer. A l’aide de sa masse, Bergeron défonce successivement l’entrée des trois chambres de mine situées au pied des piles.

Les coups résonnent dans la nuit avec un bruit assourdissant. Un sac d’explosif est placé dans chacune des chambres et un supplémentaire dans celle du milieu ; un cordon porte-feu relie tout le dispositif. Un solide bourrage est ensuite appliqué.

 Minuit vient de sonner dans le lointain lorsque le feu est mis et les crayons d’allumage écrasés. Avant cinq heures le viaduc, en principe aura sauté.

Chacun regagne sa bicyclette mais la nuit est assombrie et c’est à qui culbutera dans les trous de bombes remplis d’eau. Qu’importe, maintenant puisque l’affaire est faite.

On se sépare, car il ne fait pas bon traîner sur les routes à cette heure et à un tel moment.

Naturellement, personne ne dort, car dans les vêtements trempés, le froid se fait sentir et l’énervement est grand : l’opération réussira-t-elle ? N’a-t-on rien oublié ?

Trois heures quinze… Une immense lueur emplit le ciel d’une énorme explosion… Un silence, puis le bruit d’une masse de matériaux qui retombent. A Brissard, en forêt, ou à Dreux tous ceux qui sont au courant ont une minute d’intense émotion.

Des cheminots ne tardent pas à apporter des précisions : le viaduc a sauté, plus de cinquante mètres du tablier sont détruits, la voie est définitivement coupée. Les Allemands ne pourront plus convoyer leurs engins meurtriers vers la Normandie par cette ligne de train.

Mais quelle va être la réaction de l’ennemi ? N’y aura-t-il pas de cruelles représailles sur Dreux, sur Chérisy qui a tant souffert, il y a soixante-quinze ans en pareille circonstance par l’incendie de tout le village ? … Une heureuse idée se fait jour : c’est une bombe à retardement de l’attaque de la veille qui a fait tout le travail Les Allemands s’empressent d’adopter la version sans doute pour ne pas donner trop de prestige au groupe drouais.

Les Anglais, eux, ne s’y trompent pas. Le soir même Sinclair transmet un télégramme du Général Eisenhower : « Adresse félicitations du grand état-major interallié à l’équipe qui a procédé à la destruction du viaduc de Chérisy ».

Pendant plusieurs semaines la voie ne laissera plus passer aucun train. Les alliés entreront à Dreux dès le 16 août après un combat de peu d’importance.

Epilogue

Le viaduc sera réhabilité de façon provisoire par les Américains afin de rétablir cette voie d’acheminement du matériel, cette fois allié, pour les combattants qui progressent dans la libération de la France occupée.

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Le viaduc détruit par la Résistance le 18 juillet 1944…
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…et remis en état par les Américains (Photos famille P. July.)

La riposte allemande après Cherisy

La chronologie des arrestations et des attaques allemandes pose une question cruciale : Comment les allemands en sont-ils venus à procéder une série d’arrestations et à détruire plusieurs groupes de résistance après Chérisy ?

En effet on constate une accélération de la répression allemande dans les jours qui suivent :

  • le 24 juillet arrestations de Pierre July, Vivier et Lecointe. Plusieurs arrestations sont opérées aussi à Nonancourt
  • le 25 arrestation d’Yvonne Leroic , perquisition du PC et investissement du maquis de Crucey par un bataillon de 800 soldats.
  • le 10 aout ,investissement  et canonnade du maquis de la Ferté Vidame

La plupart des chefs de la Résistance du Nord de l’Eure et Loir sont recherchés par la police allemande et doivent se cacher tel Jules Vauchey en fuite ou même Sinclair et Silvia Montfort qui passent dans l’Orne se réfugier chez Jérome Lévèque dirigeant local de la résistance.

Pour comprendre la rapidité de cette répression, il faut remonter au parachutage du 20 juillet 44 soit deux jours après Cherisy :

Cette nuit-là dans la plaine de La Pommeraie, il y a une centaine de maquisards présents et la quasi-totalité des chefs de la résistance du département. Jules Divers du groupe de Clévilliers est l’un d’eux et il repère deux jeunes hommes inconnus qui s’intéressent de près au système de communication utilisé par Sinclair.

Le 24 juillet à Châteauneuf en Thymerais, les SS arrêtent Vivier, Lecointe, le couple Fascio et Momot. Certains d’entre eux sont liés à la résistance, d’autres non. Fascio qui porte des verres épais comme Sinclair est molesté vivement.  On leur demande s’ils connaissent un nommé Jourdan et on fait endosser à Madame Fascio un manteau abandonné par Silvia Montfort sur le terrain de parachutage. Or Jourdan est le nom de guerre de Confais présent lui aussi. Quant à Vivier, c’est un nom proche du pseudonyme de René Dufour, dirigeant de la résistance qui était présent et se faisait interpeller sur le terrain par le nom de « Duvivier ».

Faute de preuves, tout le monde est relâché mais Vivier reste détenu et est transféré à Chartres où il sera torturé avant d’être déporté. Vivier réussira à s’échapper du convoi qui le transporte en camp.

Il y a donc un lien entre ce parachutage, la présence de deux inconnus et les arrestations qui suivent. C’est probablement le signe d’une infiltration par les services spéciaux des SS.

Quant à l’arrestation de Pierre July qui est la première de la série, on découvrira après la libération qu’une souricière a été organisée chez Bergeron où l’on attend une réunion.

Les informations qui suivent sont issues de mes recherches dans les dossiers des condamnations de collaborateurs après la Libération.

Henri Mertens est interprète à la Kommandantur de DREUX et il est sollicité à de nombreuses reprises par les juges de la libération pour témoigner dans les dossiers. On l’extrait des camps que ce soit à Morancez ou à Pithiviers où il attend son propre jugement.

Le 24 aout 1945, il est interrogé par le juge François dans une affaire qui concerne Pierre Ligier, un jeune homme de Chartres qui avait des contacts fréquents avec la Gestapo.

Lorenz KREUZER

Pierre Ligier est né en Allemagne en 1926 d’un père français et d’une mère allemande. Celle-ci est infirmière au lycée Marceau de Chartres où son fils est scolarisé durant l’occupation. Elle devient la maitresse de Lorenz Kreuzer, chef de la Gestapo et se comporte en fanatique nazie.

Pierre Ligier fréquente les officiers et participe aux arrestations de résistants et même aux séances brutales.

Henri Mertens est très connu dans la région drouaise, plusieurs habitants se souviennent de lui au volant de sa rutilante voiture lorsqu’il assiste en tant qu’interprète les officiers allemands qui procèdent aux arrestations. On apprendra après-guerre qu’il renseigne aussi la résistance en communiquant des informations notamment à Gilbert Courtois du groupe de Dreux. Plusieurs dossiers de condamnations de collaborateurs évoquent des témoignages signés de résistants attestant cette attitude de Mertens.

Mertens est présent le 24 juillet 1944 lorsque la Gestapo monte une souricière autour de la maison de Bergeron qui a été dénoncé après l’affaire du viaduc de Cherizy. Pierre Ligier est également présent. Lorsqu’un petit groupe de 7 personnes se présentent au rendez-vous fixé par la résistance, Mertens tente de les prévenir du danger sans succès et ils sont arrêtés. Ligier a vu les signes faits par Mertens et le dénonce aux allemands comme traitre ; il sera arrêté, interrogé puis relâché.

Quant à l’arrestation de Pierre July le 24 juillet à 18 heures sur les marches du palais de justice de Dreux, elle se déroule en présence de Ligier et de Félix Rhoem l’adjoint de Lorenz Kreuzer. July est emmené à l’Hôtel de France, siège de la Kommandantur pour interrogatoire.

En 1945 il déclarera au juge François que Ligier fût également présent lors des perquisitions chez Dablin et chez Bergeron qui avaient réussi à échapper à l’arrestation avec Cailleaux mais, par contre, André Lortie a été arrêté.

Ligier fera partie du transport qui conduit July sous bonne garde à Crucey où Yvonne Léroic compagne du chef local de la résistance est arrêtée également. Ligier est toujours là lorsque Pierre July indique aux allemands l’endroit où sont cachées les armes reçues par le dernier parachutage à la Pommeraie.

La série d’arrestations coïncide bien avec deux faits d’armes de la résistance : la destruction du viaduc de Cherisy le 18 et le parachutage du 20 juillet 44.

La rapidité des arrestations après ces faits semble indiquer que la Gestapo était bien renseignée sur l’activité de la résistance drouaise, ce que Pierre July confirmera lorsqu’il apprendra des allemands qu’ils connaissent parfaitement les noms de tous les chefs de la résistance locale.

16 août 1944 Dreux est libéré

La 7-ème division blindée américaine débarque à peine sur Utah Beach lorsque que le planning est arrêté et que la libération de Dreux est envisagée. Et c’est cette division, intégrée au commandement du Général Walton H. Walker au sein du 20-ème Corps d’Armée, qui sera chargée de libérer l’Eure et Loir avec l’appui de la 5-ème division d’infanterie qui se trouve entre Nantes et Angers sur la rive droite de la Loire.

Le 12 aout 1944, trois corps d’Armée américaine sont prêts à envahir le département d’Eure et Loir avec comme objectifs Châteaudun, Chartres et Dreux.

Les 70 Panzer allemands se voient assigner la défense de Dreux et de la région nord-est en débordant sur la Seine et Oise (Dourdan, Ablis). Fidèles à leur stratégie de repli laissant sur place des Kampfgruppe (Seidel, Gunther Wöst) appuyés par des SS Panzerjäger, les forces allemandes continuent de ralentir les Américains à Faverolles, au Boullay Thierry, à Puiseux puis vers Houdan.

A Dreux, dont la défense est assurée par le Major Hugo Messerschmitt, un bataillon médiocre en effectifs oblige le haut Commandement allemand à constituer une ligne de défense au sud de la ville avec les 700 hommes du Sturm bataillon AOK7, 500 hommes de la 352ème ID, les Kampfgruppe SS Weber, Braun et Wahl plus l’artillerie des canons de 88 et 75, éléments de la Flak (DCA allemande).

Au sud de Dreux, on recense une quarantaine d’Allemands morts au combat, les batailles d’arrière-garde ne menaçant pas la progression américaine vers la ville.

La prise de Dreux est désormais confiée au XV ème corps américain.

A l’ouest de la ville, des canons de 88 pilonnent un peloton de chars légers M5 américains au passage à niveau des Corvées. Les chars US de la Task force Boyer se replient en arrière du hameau.

                           

Canon de 88 allemand

En soutien, le major Giorlando reçoit l’ordre de prendre Dreux avec des compagnies du 15ème bataillon d’infanterie, des tanks et un peloton d’assaut.  Il fait 150 prisonniers chez l’ennemi et occupe les ponts à 18 heures. Son rapport signale que les FFI furent très efficaces en travaillant de concert avec la police française et son unité.

Les résistants sont environ 200 répartis aux abords de la ville vers Les Corvées et autant à l’intérieur de Dreux où ils se sont infiltrés. Tout le monde doit se retrouver à la Kommandantur logée dans l’Hôtel de France. Ce lieu deviendra le PC des FFI dirigés par Roland Farjon qui les commande.

Dans la soirée du 19 au 20 aout, le successeur de Farjon désigné par lui pour prendre la direction des groupes est assassiné devant l’Hôtel de France.

Il s’agit de Georges Binois, proche de l’OCM et de Jules Martinet, qui habite Marsauceux et n’est pas considéré comme un combattant mais possède une solide carrière militaire acquise en 1940 où il fût blessé dans les combats. Sa mort ne sera jamais éclaircie et restera un mystère inexpliqué.

Ces quelques jours passés par des maquisards et des résistants logés à Dreux à la Libération vont faire ressortir des conflits entre différentes personnes de qualité dont Pierre July, Maurice Viollette, André Sarrut et Albert Lethuillier.

Rédigé par Albert HUDE le 4 juillet 2024. Tous droits réservés.

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