Deux classes de troisième du collège La Pajoterie de Châteauneuf en Thymerais seront rassemblées avec leurs professeures pour participer à cette conférence du CEDREL qui mettra en lumières la fantastique organisation de résistance du groupe des Chaises à Clévilliers.
Fort de 250 hommes qui seront 400 à la Libération, ce groupe est dirigé par Jules Divers, un Belge qui dirige la distillerie de betteraves de Clévilliers.
Il a décidé que la route reliant Châteauneuf à Maintenon devra devenir un axe majeur pour les attentats anti-allemands : elle est baptisée “La Route à Jules” et subira nombre d’attaques mortelles de la part des résistants organisés en 8 groupes d’action militaire.
Chaque convoi allemand doit faire l’objet d’une attaque de nuit, de pose de mines et crottins, ceci pour créer chez les soldats une crainte d’être attaqués.
Yvonne Vauvilliers et son mari, bouchers de Saint Piat vont faire sauter un car de soldats-musiciens allemands en piégeant la route.
Autre fait d’armes parmi des dizaines
Le 26 juin 44 sur la route à Jules les hommes de Louis Hamelin chef du groupe de Sérazereux se retrouve de nuit près du Péage. Le lieu est propice pour un attentat à l’explosif mais il est aussi très dangereux car à 300 m de l’endroit choisi, un camion en panne est gardé par 8 SS. De plus Trémémont, le village voisin est infesté de SS.
Les frères Hamelin et Gilbert Chauvin sont équipés de mitraillettes et de grenades au cas où. La mine de 3,5 Kg devra être enfouie sur la route dont le goudron est attaqué au pic. Mais les convois allemands se succèdent sur cette route stratégique pour l’occupant qui l’utilise pour renforcer les troupes combattant les américains en Normandie. Il faut sans arrêt plonger dans le fossé pour se cacher à leur passage avant de remonter sur la route et continuer le percement de la chaussée. En plus, le pic fait beaucoup de bruit et le trou sera fini avec un simple tournevis qui creusera assez profondément pour y déposer la mine.
L’attaque du 26 juin 44
Ce travail harassant et dangereux durera trois heures et c’est à l’aube que la mine est opérationnelle. Le groupe d’éloigne à travers un petit chemin vers Robercourt pour attendre le résultat de leur mission. L’attente est longue et les frères Hamelin pensent sérieusement à retourner sur place pour retirer cette mine qui risque de blesser des habitants de passage.
Au moment même, une explosion formidable retentit suivie par un chapelet d’autres. Il s’agit d’un camion de munitions chargé d’obus de 118 pour les blockhaus de la côte. 15 à 20 tonnes d’explosifs sont ainsi neutralisés.
La distillerie des Chaises à Clévilliers
La distillerie servira de cache d’armes. Plusieurs tonnes y seront entreposées pour les maquis de la région. La gestion du stock sera confiée à Jean Divers, 14 ans, lequel était capable de passer dans le trou d’homme de la grosse chaudière désaffectée pour y ranger les munitions arrivées par parachutage.
Les parachutages de 1943
Sur un terrain codé « Ane » au nord du château d’eau de Clévilliers eurent lieu les premiers parachutages en Eure et Loir. En mai, puis en août, les avions anglais larguent de nuit des containers d’armes destinés au groupe des Chaises.
Les frères Lodi récupèrent en mai 43 les 6 containers et les transportent de jour (il y a couvre-feu la nuit) vers Chartres dans un camion rempli de sable avec laquelle ils traverseront la ville à la barbe des allemands.
En aout, cela recommence et une pluie de containers descend sur les dizaines de résistants qui ont balisé le terrain. L’avion vole bas, à 80 mètres seulement, quand les parachutes s’ouvrent livrant armes, postes de radios, nourriture, et instructions.
Parachutage L’avion Halifax
Les containers sont ouverts et les armes déchargées avant que les gros cylindres d’acier avec les parachutes soient jetés au fond d’un puits proche.
A partir de cette date, le groupe de Jules Divers va constituer pour la résistance locale le pôle d’approvisionnement en armes de la région.
Les contacts radio avec Londres
Ginette Jullian a la responsabilité des communications radio avec Londres pour laquelle elle a été formée en Angleterre. Parachutée le 7 juin 1944 avec Jérôme Pierre chargé de former les civils au combat, sa fonction est de recevoir, décoder et transmettre les messages reçus en direct de Londres et aussi d’émettre les demandes des résistants. C’est un travail harassant qui lui demande de longues journées et des nuits particulièrement pour le décodage des instructions transmises en morse et codées en plus.
Elle est installée à Challet chez Georges Berceron, un vieux garçon à qui Jules Divers a dit que cette parisienne venait se reposer à la campagne…Il y a un service de protection armé qui encadre ses déplacements car il faut changer sans cesse de lieu d’émission pour ne pas se faire repérer. A Challet des langues se délient sur la présence de cette femme qui n’est pas du pays. Une dizaine de postes émetteurs sont alors placés dans les villages alentour ce qui évite de se faire repérer lors de déplacement avec un matériel encombrant.
Ginette se déplace avec ses quartz vers ces lieux pour émettre trois ou à quatre jours d’affilée avant de déménager à nouveau. Elle viendra au presbytère de Tremblay le Vicomte pour émettre sous la protection de Divers et de Moinet. Le curé, d’abord enthousiaste, eut un peu de recul quand il vit les antennes aériennes qui parcouraient l’édifice et surtout les fusils mitrailleurs de protection postés autour de son église
Ginette Jullian Poste radio
A Marville les bois, c’est l’abbé Gautier qui accueillit Ginette dans son presbytère et ainsi de suite pendant des semaines de déplacements incessants.
Une fois, elle est chez Morin à Fresnay le Gilmert en cours d’émission durant trois jours. Le 4ème jour elle perçoit des signes anormaux dans les contacts radio : les réponses des lointains correspondants n’ont pas la même fréquence que d’habitude. Ginette arrête immédiatement et ordonne le démontage de l’antenne et la mise à l’abri du poste émetteur. Ses gardes de la résistance doivent partir dans plusieurs directions pour se retrouver plus tard en un lieu donné. C’est là qu’ils apprendront que les communications étaient captées par les allemands, ce que Ginette avait décelé dans les fréquences. D’ailleurs trois camions à repérage gonio convergeaient vers Fresnay le Gilmert et un avion mouchard équipé survolait peu après le lieu d’émission avec son antenne pendante.
Les faux papiers
Tous ces jeunes hommes qui entrent en résistance ont besoin de travailler pour vivre, mais s’ils deviennent clandestins, ils perdent de suite leur identité car ils sont recherchés par la gendarmerie française et les Feldgendarmes allemands.
Depuis février 1943, est mis en place par le régime de Vichy dirigé par Philippe Pétain, le Service du Travail Obligatoire (STO). Tous ces jeunes hommes doivent partir travailler en Allemagne pour le compte des nazis. Ceux qui refusent, et il y en aura 1000 en Eure et loir, deviennent clandestins et recherchés.
S’ils passent à la Résistance, un tiers d’entre eux, ils seront pris en charge pour loger et se nourrir mais des faux papiers sont nécessaires lors des contrôles de police.
Vraie carte d’identité
Fausse carte
Lucie Arnould.
Pour établir ces documents, il faut des cachets qui sont dérobés à la Préfecture, le temps de les reproduire, par Lucie Arnould jeune secrétaire de 18 ans dont toute la famille fait partie de la Résistance avec Jules Divers.