Les “Malgré-Nous” Senonches, salle des Fêtes à 15h30, le 25 janvier 2025

   • LIEU : Salle des Fêtes de Senonches
  • DATE DE L'INTERVENTION : 25 janvier 2025
   • PARTENAIRE(S) :

Cette conférence, ouverte à tous, vise à démystifier nombre de raccourcis tendant à rendre responsables les Alsaciens Lorrains de plusieurs monstruosités durant la seconde guerre mondiale sans analyser la situation particulière de ces populations ayant changé plusieurs fois de nationalités en moins d’un siècle et toujours par obligation étatique.

Il ne s’agit pas de dédouaner les actes individuels ou collectifs de ces soldats appelés “Malgré-Nous” mais de restituer le contexte historique de ces départements tantôt français, tantôt allemands au gré des situations militaires.

Etaient-ils libres de choisir ? Quels choix s’offraient à eux et à leurs familles ? Quelle était leur part de liberté individuelle ?

Ces questions seront abordées au travers de l’histoire d’une de ces familles mosellanes dont un descendant, adhérent du CEDREL, viendra brosser le tableau des actes ayant conduit à des contradictions terribles où les frères pouvaient se retrouver face à face dans deux armées opposées. La répression allemande contre les refusants ira jusqu’à déporter les mères et épouses des réfractaires récalcitrants.

Voici quelques repères historiques permettant de situer les propos qui seront tenus lors de la conférence :

ALSACE-MOSELLE

(Départements de Moselle, Bas Rhin, Haut Rhin, Meurthe, Vosges)

1870

Après la victoire de l’Empire Allemand sur la France les habitants deviennent Allemands sauf à quitter le territoire, ils seront près de 100 000.

La cession des territoires français est approuvée par le Parlement le 1er mars 1871

L’Allemand devient la langue officielle y compris pour les lorrains qui, à 40%, parlent le français. Le traité permet aux habitants qui le souhaitent de quitter ce territoire annexé avant le 1er octobre 1872, Metz perd ainsi la moitié de sa population (20 000), les territoires annexés deviennent zones d’immigration allemande.

1,5 million d’habitants parlent allemand tandis que 11% gardent la langue française.

Tous les habitants deviennent allemands de facto.

Un fort ressentiment français persistera durant 40 années jusqu’à la première guerre mondiale mais il est très largement minoritaire.

1918

Après la victoire française, les territoires annexés sont récupérés. Durant le conflit une grande majorité des habitants de ces territoires a été contrainte de rejoindre l’armée du Reich pour combattre les Français (380 000 contre seulement 18 000 qui rejoignent l’armée française).

Le français redevient la langue officielle mais la majorité est germanophone et continue de pratiquer l’Allemand ou les dialectes.

Les habitants sont classés en 4 catégories selon leur statut durant l’annexion (ascendance, francophilie). 200 000 habitants sont expulsés de France recomposée vers le territoire allemand. La francisation est pratiquée à marche forcée et crée des malaises qui favorisent l’autonomie.

Selon la classe, les droits civiques étaient différents :

  • Classe A : personne dont les parents auraient été Français si l’annexion n’avait pas eu lieu en 1871. Cette carte permet au détenteur de circuler dans toute l’Alsace-Moselle, et de bénéficier d’un taux de change de 1,25 francs pour 1 mark.
  • Classe B : personne ayant un seul un parent « français de souche »
  • Classe C : étrangers qui ne sont pas de nationalité allemande, autrichienne, ou issus d’un de leurs alliés pendant la guerre.
  • Classe D : citoyens d’origine allemande, autrichienne ou d’un pays allié. Il leur est interdit de circuler en dehors de la ville. Taux de change pour les détenteurs de la carte : 0,80 franc pour 1 mark.

Le classement dépend du choix effectué par chacun s’il remplit ou non son dossier pour être classé. Ne rien faire, équivaut à rester allemand en Alsace-Moselle annexées.

1940-1944

La convention d’armistice ne traite pas de ces ex-territoires annexés en 1870 et libérés en 1918. Ils devraient donc rester français durant toute la seconde guerre mondiale.

Cependant un décret d’annexion allemand est publié unilatéralement en octobre 1940.

Ces tentatives de pseudo-annexions sont mises en place, surtout avec la mobilisation forcée des citoyens ex-allemands : les Malgré Nous.

A noter que des femmes ont été aussi incorporées : les Malgré Elles.

Tous les habitants d’Alsace-Moselle issus de familles ayant opté pour la France en 1871 sont français, comme tous ceux qui sont nés après 1918.

Au début du conflit, les nazis ne veulent pas des alsaciens-lorrains dans la Wehrmacht. Ce n’est que le 25 aout 1942 que l’ordre de leur mobilisation est donné.

Les soldats de l’armée française qui étaient concernés ont été démobilisés par Vichy en 1942 et sont retournés en Alsace-Moselle où l’armée allemande les a incorporés.

Versé dans la Wehrmacht ou dans la Waffen SS (qui perd énormément de troupes au combat), les Malgré Nous participent aux combats sous l’uniforme allemand.

100 000 alsaciens et 30 000 lorrains seront ainsi déplacés en union soviétique pour combattre Staline. On les retrouve dans toutes les batailles y compris comme Einsatzgruppen qui se chargent des exécutions de masse des populations.

Dans ces territoires annexés par le Reich, les jeunes gens ne sont pas astreints au STO instauré en France en 1943, car ils sont considérés comme Allemands. En revanche, ils sont mobilisables dans la Wehrmacht.  Ceux qui refusent deviennent réfractaires et sont poursuivis. Arrêtés, ils sont déportés et condamnés à des années de détention.

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